Octobre Rose au Maroc : sensibilisation et dépistage au cœur de la lutte contre le cancer -

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Chaque année en octobre, le Maroc se joint à la mobilisation internationale de l’Octobre Rose, une initiative essentielle dédiée à la lutte contre le cancer du sein. Par le biais d’une vaste campagne nationale orchestrée par le ministère de la Santé et de la Protection sociale, le Royaume intensifie ses efforts de sensibilisation et de prise en charge d’une maladie qui demeure la forme de cancer la plus fréquente chez la femme marocaine.

Une Campagne Nationale Ciblée

Lancée dès le 1er octobre 2024, la campagne nationale s’articule autour de la sensibilisation et du dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus. Cette opération s’étendra sur l’ensemble du territoire pendant tout le mois, conformément aux objectifs du Plan national de prévention et de contrôle du cancer, qui priorise la détection précoce.

Le Cancer : Une Priorité de Santé Publique

Les données officielles du ministère soulignent la gravité du problème : le cancer est la deuxième cause de mortalité au Maroc, juste après les maladies cardiovasculaires, étant responsable de 13,4 % des décès. On enregistre environ 40 000 nouveaux cas de cancer chaque année. Parmi eux, 36 % concernent des femmes atteintes d’un cancer du sein, avec une incidence moyenne de 137,3 cas pour 100 000 habitants.

Le dernier rapport du registre des cancers (période 2018-2021) confirme cette prévalence, indiquant que les cancers du sein et du col de l’utérus représentent respectivement 39,1 % et 6,5 % de tous les cancers féminins.

Un point positif est que 64,5 % des cancers du sein sont désormais diagnostiqués aux stades I et II, améliorant ainsi l’efficacité des traitements. Le ministère insiste sur l’importance du dépistage régulier pour les femmes de 40 à 69 ans, sachant que les trois quarts des cas sont observés chez les femmes de plus de 50 ans. L’enjeu de cette campagne est d’informer que, statistiquement, une femme sur huit pourrait développer un cancer du sein au cours de sa vie.

Données de Recherche et Impact de la Prise en Charge

Une étude collaborative menée par des chercheurs marocains et internationaux (incluant l’Agence internationale de recherche sur le cancer) sur 1 901 patientes diagnostiquées entre 2008 et 2017 a révélé des profils variés :

Âge : 52 % des patientes avaient moins de 50 ans ; 28 % entre 50 et 59 ans ; et 19 % plus de 60 ans.
Statut hormonal et antécédents : 49 % étaient préménopausées, et 11 % présentaient des antécédents familiaux de cancer.
Contexte socio-économique : 80 % résidaient en milieu urbain, et 47 % bénéficiaient d’une assurance maladie pour les populations vulnérables.

L’analyse de leur parcours thérapeutique a clairement démontré l’importance d’un suivi complet : les patientes ayant reçu une prise en charge complète ont atteint un taux de survie sans maladie de 88 % à trois ans et de 80 % à cinq ans. Ces chiffres contrastent fortement avec ceux des patientes moins bien suivies, dont les taux tombaient respectivement à 62 % et 50 %. Seulement 53 % des femmes de l’étude ont bénéficié d’un suivi conforme aux protocoles standards.

Obstacles Persistants : Disparités Sociales et Retards de Diagnostic

Malgré l’intensification des efforts durant Octobre Rose, des défis majeurs demeurent, notamment les disparités territoriales et sociales. Des experts soulignent que les femmes des zones rurales et défavorisées sont confrontées à des barrières structurelles importantes :

Manque d’infrastructures : Une insuffisance des installations de santé et des ressources humaines dans certaines régions.
Coûts indirects : Des dépenses souvent jugées prohibitifs pour les populations vulnérables.

De plus, les délais de diagnostic sont une source de préoccupation. L’absence d’équipements modernes (notamment les laboratoires d’anatomopathologie) dans de nombreux hôpitaux régionaux peut prolonger l’attente entre la première consultation et la confirmation du cancer sur plusieurs mois. Ce retard mène souvent à un diagnostic tardif, réduisant les chances de guérison et augmentant la mortalité, particulièrement loin des grands centres hospitaliers.