Les violences basées sur le genre et leurs impacts sur la santé en Afrique.

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A l’occasion des « 16 journées d’activisme contre la violence basée sur le genre  » célébrées chaque année dans le monde entier du 25 novembre (Journée mondiale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes) au 10 décembre (Journée mondiale des droits de l’homme), il est d’une nécessité absolue de se pencher sur l’impact des violences basées sur le genre sur la santé en Afrique.

Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU) , les  violences basées sur le genre (VBG), parfois aussi appelées violences sexistes, se réfèrent à l’ensemble des actes nuisibles, dirigés contre un individu ou un groupe d’individus en raison de leur identité de genre. Elles prennent racine dans l’inégalité entre les sexes, l’abus de pouvoir et les normes néfastes.

Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU); aujourd’hui, les violences basées sur le genre surtout à l’égard des femmes et des filles constituent l’une des violations des droits humains les plus répandues, les plus persistantes et les plus dévastatrices dans le monde.

Ces violences sont également les moins signalées en raison de l’impunité, du silence, de la stigmatisation et du sentiment de honte qui les entourent.

La Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, définit la violence à l’égard des femmes comme :<< tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée.>>

Toutefois, la nature de même que la gravité des conséquences de la violence peuvent être influencées par plusieurs  facteurs qui dépendent du contexte, tels que : la pauvreté ; l’inégalité des sexes ; les pratiques culturelles ou religieuses ; l’accès aux services sanitaires et juridiques ; les conflits ou les catastrophes naturelles ;  les environnements juridiques et politiques…

Les conséquences des violences basées sur le genre en générale et de celles dirigées contre les femmes en particulier sont toutes néfastes sur tous les plans (le plan physique, psychologique, sexuel, social, génésique) et  affectent les victimes à tous les stades de leur vie. 

Les violences basées sur le genre comprennent les différentes formes de violences physiques, sexuelles, psychologiques, telles que :

  • la violence d’un partenaire intime (parfois appelée violence domestique ou
    familiale, ou violence conjugale, et couvrant les sévices physiques, sexuels, ou
    psychologiques) ;
  • la violence dans les fréquentations, ou la violence à l’occasion des sorties
    entre jeunes ;
  • la violence sexuelle (dont le viol) exercée par des étrangers, des
    connaissances, ou des partenaires ;
  • le viol systématique pendant les conflits armés ;
  • la prostitution forcée, la traite des femmes et des filles, ou d’autres formes
    d’exploitation sexuelle ;
  • les mutilations génitales féminines (FGM) et autres pratiques traditionnelles
    néfastes ;
    *les violences liées à la dot ;
  • le mariage ou la cohabitation forcés, notamment les coutûmes de l’héritage
    de l’épouse et de « l’enlèvement des fiancées » ;
    *le fémicide et le meurtre de filles ou de femmes au nom de « l’honneur » ; et
  • l’infanticide des petites filles, et la négligence délibérée à l’égard des filles.
    *etc.

La prévalence et les formes de violence contre les femmes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire peuvent différer de celles dans les pays à revenu plus élevé, mais les conséquences sur la santé semblent, quant à elles, similaires dans tous les milieux .

La violence a des conséquences immédiates sur la santé des femmes, et ces conséquences peuvent être mortels dans certains cas.

L’impact des violences basées sur le genre sur la santé physique, mentale et comportementale  peut par ailleurs perdurer longtemps après que les violences se soient arrêtées.

Quelques exemples de conséquences des violences basées sur le genre :

Sur le plan physique : 

•traumatismes physiques aigus ou immédiats, tels qu’ecchymoses, abrasions, lacérations, perforations, brûlures et morsures, ainsi que fractures des os ou dents cassés.

• blessures plus graves, susceptibles d’entraîner des incapacités, notamment les blessures à la tête, aux yeux, aux oreilles et les traumatismes au thorax et à l’abdomen

• troubles gastro-intestinaux, problèmes de santé à long terme et mauvais état de santé, notamment syndromes de douleur chronique

• décès, notamment fémicide et décès liés au SIDA


Sur le plan sexuel et génésique :

•grossesse involontaire/non désirée
• avortement : avortement dans de mauvaises conditions
• infections sexuellement transmissibles, notamment le VIH et le HPV pouvant entraîner le cancer du col de l’utérus
• complications de la grossesse : fausse-couche, hémorragies, infections, décès maternels…

•infertilité
• hémorragies ou infections vaginales
• infections pelviennes chroniques
• infections urinaires
• fistule (déchirure entre le vagin et la vessie, entre le vagin et le rectum, ou les deux)
• rapports sexuels douloureux: dyspareunie
• troubles sexuels

Sur le plan Mental et Comportemental

• dépression
• troubles du sommeil et de l’alimentation
• stress et troubles anxieux (état de stress post-traumatique)
• comportements autodestructeurs et tentatives de suicide
• mauvaise estime de soi
• usage nocif de l’alcool et toxicomanie
• multiples partenaires sexuels
• choix de partenaires violents plus tard dans la vie
• diminution du recours aux contraceptifs et aux préservatifs

La violence à l’égard des femmes et des filles se retrouve dans tous les pays et toutes les cultures, favorisée par des attitudes et des normes sociales et culturelles qui privilégient les hommes par rapport aux femmes et les garçons aux filles.

Les troubles psychiques graves sont particulièrement fréquents parmi les victimes  et sévères sur le plan clinique. Plus des trois quarts des patients concernés souffrent de syndromes psychotraumatiques et de traumas complexes. Les victimes de violence fondées sur le genre sont également plus souvent atteintes d’infection par le VIH et relèvent plus souvent d’une prise en charge pluridisciplinaire. Les volets psychologique et psycho-social de leur prise en charge devraient être particulièrement développés .

Dr Samira KILANYOSSI

Source : OMS: comprendre et lutter contre la violence à l’égard des femmes

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