Pour un air sain dans nos villes

Des voitures circulent à Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire/Guy Aimé Eblotié/LCA

0 0
Read Time:3 Minute, 47 Second

Faits d’actu 

VILLES ET DÉVELOPPEMENT. est une rubrique proposée et animée par Beaugrain Doumongue, ingénieur civil, et Karim Limam, physicien du bâtiment et maître de conférences. Dans le contexte du changement climatique, il s’agit de raconter/documenter/interroger les enjeux des villes africaines en quête de durabilité et de qualité de vie

L’air pollué est de loin le fléau qui réduit le plus l’espérance de vie dans les agglomérations. Ce « tueur invisible » dont les effets sont encore mal évalués en Afrique fait des ravages partout dans le monde, et les chiffres révèlent de nombreux dégâts sur la santé, notamment des plus fragiles. L’heure est à la prise de conscience, au contrôle et à la régulation des sources locales.

Le bien-être des individus est principalement fonction de leur santé, de leur confort et des conditions de sécurité dans lesquelles il leur est permis de vaquer à leurs quotidiennes occupations ; lesquelles ont lieu dans 90 % des cas à l’intérieur des bâtiments. Aussi vrai qu’à l’intérieur de ces mêmes bâtiments, à 40 % du temps et plus, les occupants se plaignent de leur santé, confort et sécurité. Travailler à améliorer ces conditions est un véritable impératif de gains économiques et sociaux car cela implique une meilleure productivité, la diminution de congés maladie et des coûts médicaux.

Qualité de l’air

Très peu considérée dans une Afrique pourtant en passe de représenter la moitié des émissions mondiales d’ici à 2030, la qualité de l’air représente un élément indispensable de la santé publique. Sur le continent, la pollution de l’air est en pleine croissance et reste dynamisée par la démographie et la densité de l’habitat dans de nombreuses aires urbaines, engendrant ainsi de nombreuses maladies et décès dont plusieurs sont prématurés.

En effet, une étude de l’OCDE en date de 2016 révèle que la pollution atmosphérique a causé une hausse de 36 % de décès prématurés, en lien avec les particules fines. La combustion du bois et des déchets à ciel ouvert, le trafic routier, les industries chimiques et agroalimentaires et les poussières sahariennes sont considérées comme étant les principales sources de pollution en Afrique de l’Ouest.

Une étude allemande réalisée dans de nombreux pays africains révèle, que la majorité d’entre eux affichent des seuils de 2 à 3 fois supérieurs aux recommandations de l’OMS, ce qui a des impacts énormes sur le changement climatique en agissant sur les températures, la composition des nuages et au final sur le régime des pluies.

Réglementations

L’inexistence de réglementations restrictives et de programmes de mesure, de sensibilisation et de lutte contre la pollution de l’air dans les villes africaines représente un grand danger. Car sans collecte de données, aucune mesure palliative ne peut être prise, alors qu’à l’échelle mondiale, la pollution atmosphérique tue plus de personnes que tout autre problème environnemental.

Dans ce contexte, le black-out dans lequel se retrouvent la majorité des pays africains, à l’exception de pays comme le Sénégal qui disposent des dispositifs nécessaires, appelle à une volonté politique plus poussée sur ce sujet, et à la nécessité de former des compétences pour mettre en place des actions concrètes de sensibilisation.

La qualité de l’air intérieur est fortement liée à l’environnement dans lequel sont situés les locaux. Soulignons que les transferts particulaires entre les ambiances intérieures et extérieures sont modulés à la fois par les multiples sources présentes dans notre environnement, par l’occupation (activité humaine), et par les flux d’air de la ventilation.

De plus en plus d’études scientifiques portent sur la qualité de l’air et ont montré que l’air intérieur des maisons d’habitations et autres bâtiments non résidentiels est fortement pollué indépendamment de leurs positionnements géographiques par rapport aux industries qui peuvent exister à proximité.

En effet, les bâtiments malsains causent de nombreux problèmes sanitaires à savoir : la fatigue, les céphalées, l’irritation des muqueuses, etc. Le renouvellement de l’air est donc une nécessité qui peut être coûteuse en énergie, d’où de nombreuses solutions de dépollution proposées par des scientifiques par usage de matériaux poreux de type biosourcé en particulier et de plantes notamment.
Les futures réglementations du bâtiment seront des outils vitaux à une meilleure gestion des problématiques de qualité d’air à l’intérieur des bâtiments. L’Afrique reste à la traîne. À nous de définir jusqu’à quand.

Beaugrain Doumongue & Karim Limam

source: https://africa.la-croix.com

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %

About Author