Un moment historique pour l’enseignement dentaire se déroule au Maroc, où les dirigeants africains s’unissent pour façonner l’avenir des soins dentaires sur le continent
Ce qui n’était qu’un rêve il y a deux ans est aujourd’hui devenu réalité à Casablanca, au Maroc. Les 11 et 12 juillet 2025, des représentants de 24 pays du continent se sont réunis à l’Université Mohammed VI des Sciences de la Santé (UM6SS) pour le premier symposium africain sur l’enseignement dentaire, qui a abouti à la création novatrice de l’Association africaine pour l’enseignement dentaire (ADEA).
La nécessité d’une association de ce type est urgente, car les pays africains sont confrontés à une pénurie critique de professionnels dentaires. Selon l’Organisation mondiale de la santé, on compte seulement 0,44 dentiste pour 10 000 habitants (https://apo-opa.co/46H8Yv2) en Afrique en moyenne, contre environ 7 pour 10 000 (https://apo-opa.co/4f0Tgx6) dans de nombreux pays à revenu élevé, et seulement 84 écoles dentaires sont en activité (https://apo-opa.co/46H8Yv2) dans 26 pays africains. Cette situation participe au fait qu’en 2021, environ 42 % de la population africaine souffrait de maladies bucco-dentaires non traitées.

Le symposium, initié par le Professeur Ihsane Benyayha, doyen de la faculté dentaire de l’UM6SS, et soutenu par l’organisation humanitaire internationale Mercy Ships, a réuni des doyens et des directeurs de facultés dentaires de toute l’Afrique. Cette rencontre, ainsi que la signature de la nouvelle association, marquent un nouveau chapitre dans la collaboration et l’innovation en matière d’enseignement dentaire.
« En tant que dirigeants, professeurs, dentistes africains, nous pouvons faire beaucoup pour nos pays. Nous devons nous entraider. Il existe une association américaine pour l’enseignement dentaire, une association européenne aussi… Pourquoi pas une association africaine pour l’enseignement dentaire ? », a déclaré le professeur Benyayha.
« Nous sommes à une époque où il n’est plus acceptable qu’un pays compte un dentiste pour un million d’habitants, a poursuivi le Dr David Ugai », Directeur national de Mercy Ships pour la Guinée.
« Il est temps d’identifier des solutions et de surmonter ce problème. Tous les acteurs et dirigeants dont nous avons besoin sont dans cette salle. Demandons-nous comment aller de l’avant ».
Le symposium africain sur l’enseignement dentaire avait un objectif clair : favoriser une collaboration nouvelle et dynamique entre les pays africains pour former des professionnels dentaires, développer des programmes d’enseignement durables et renforcer l’accès aux soins dentaires sur tout le continent.
» La coopération entre les pays africains permettra aux différentes écoles dentaires d’Afrique de porter un message unique «
Le succès de cette initiative repose sur la création de l’Association africaine pour l’enseignement dentaire, inspirée d’associations similaires aux États-Unis et en Europe. L’ADEA permettra aux enseignants en médecine dentaire africains de s’exprimer d’une seule voix, de partager leurs bonnes pratiques et de bénéficier d’une structure claire pour une collaboration à long terme.
« C’est la réalisation d’un grand rêve…, a témoigné le professeur Mohamed Siddick Fadiga, directeur du département de l’École dentaire de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, en Guinée. « Ce symposium est une nécessité, car auparavant chacun travaillait de manière isolée dans son pays. Mais grâce à ce symposium, nous allons pouvoir unir nos forces, conjuguer nos efforts et essayer de partager nos points de vue. La coopération entre les pays africains permettra aux différentes écoles dentaires d’Afrique de porter un message unique. »
Le symposium a également réuni des dirigeants internationaux, notamment la Fédération dentaire internationale (FDI), les associations américaine et européenne de l’enseignement dentaire, qui ont offert leur soutien aux doyens et directeurs de programmes africains qui prennent l’initiative de transformer l’enseignement dentaire pour la prochaine génération.
Depuis 2025, Mercy Ships s’est associé à l’UM6SS pour soutenir la formation de plus de 20 professionnels dentaires de Guinée, du Bénin et de Madagascar dans le cadre de programmes de spécialisation avancée. Après avoir obtenu leur diplôme, ces étudiants retourneront dans leur pays d’origine avec les compétences nécessaires pour enseigner, encadrer et élargir l’accès aux soins dentaires dans leurs propres communautés.
« À ma connaissance, ce symposium est une première », a souligné le professeur El Hadj Babacar Mbodj, doyen de la faculté dentaire de l’UCAD au Sénégal. « C’est la première fois qu’autant d’écoles se réunissent dans un même pays pour discuter des problèmes liés à l’enseignement dentaire en Afrique. Il est donc évident que ce symposium marque un tournant dans l’histoire de l’enseignement dentaire en Afrique, et j’espère que ce n’est que le début d’une longue série »,
Les partenariats de Mercy Ships s’étendent bien au-delà du Maroc. À travers l’Afrique, une collaboration à long terme solide avec des universités et des ministères de la santé contribue à développer les infrastructures, améliorer la formation clinique et équiper le corps enseignant pour renforcer les capacités en matière de soins dentaires. Ces efforts s’étendent actuellement à tout le continent, notamment en Guinée, au Sénégal, au Togo, au Bénin, au Burkina Faso, à Madagascar.
- En Guinée, le partenariat durable de Mercy Ships avec l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry a redynamisé l’enseignement dentaire, et les rénovations ont plus que doublé la capacité de formation de l’école.
- Au Sénégal, l’agrandissement prochain de l’école dentaire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar permettra de faire passer le nombre de places en formation clinique de 30 à plus de 70.
- Au Togo, Mercy Ships aide à construire le premier espace de simulation et de formation clinique à l’Université de Lomé, qui a ouvert son premier programme dentaire en 2019.
- Au Bénin, Mercy Ships forme de futurs enseignants afin de rouvrir la seule école dentaire du pays, qui a fermé en 2018 en raison d’un manque de professeurs spécialisés et d’infrastructures.
- Au Burkina Faso, un tout nouveau partenariat soutiendra le développement de la formation des enseignants dans l’école dentaire en pleine expansion du pays.
- À Madagascar, Mercy Ships parraine des dentistes pour qu’ils deviennent des spécialistes et de futurs professeurs d’université nationaux.
- En Sierra Leone, en Guinée-Bissau et au Liberia, Mercy Ships parraine un programme d’échange d’étudiants par l’intermédiaire de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, qui permettra d’améliorer l’accès à l’enseignement dentaire et d’augmenter le nombre de dentistes dans ces pays.
« Depuis la création de l’école, nous n’avons jamais pensé à la prochaine génération d’enseignants, » a expliqué le professeur Jeannot Randrianarivony, doyen de la faculté dentaire de l’université de Mahajanga à Madagascar. « Mais grâce à ce partenariat avec Mercy Ships, nous avons l’espoir que l’école perdurera grâce à la contribution des jeunes dentistes qui reviendront dans notre pays avec leur diplôme. Ce partenariat est donc très précieux pour nous. »
Le symposium africain sur l’enseignement dentaire reflète l’essence même de la mission de Mercy Ships : apporter espoir et guérison aux plus démunis grâce à des soins chirurgicaux gratuits, et des programmes de renforcement des capacités médicales. Des événements comme ce symposium laissent entrevoir un avenir durable où les nations sont équipées, les enseignants autonomes et les communautés ont accès aux soins dont elles ont besoin.
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