Les femmes vivant avec le VIH qui ne reçoivent pas de traitement antirétroviral (ARV) ont un risque de 15 à 45 % de transmettre le virus à leurs enfants pendant la grossesse, l’accouchement, l’allaitement ou lors de l’accouchement. L’élimination de la transmission mère-enfant du VIH est cependant possible. Et le Botswana célèbre aujourd’hui le fait d’être devenu le premier pays d’Afrique – et le premier pays à forte prévalence de VIH – à recevoir le statut Or de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour ses efforts visant à éliminer totalement la transmission verticale du VIH.
Il s’agit d’une réalisation majeure pour un pays qui fut parmi les plus touchés par l’épidémie mondiale de VIH, avec, en 1999, une prévalence estimée à 30 % chez les adultes.
Les femmes vivant avec le VIH qui ne reçoivent pas de traitement antirétroviral (ARV) ont un risque de transmission de 15 à 45 %. Ce risque tombe à moins de 5 % lorsque des traitements sont administrés à la mère et à l’enfant tout au long des périodes critiques de transmission.
Selon le rapport Spectrum de l’ONUSIDA de 2024, environ 360 000 personnes vivent actuellement avec le VIH au Botswana, avec 98 % des femmes enceintes séropositives recevant un traitement. La transmission verticale est ainsi tombée à seulement 1,2 %, avec moins de 100 bébés nés avec le VIH en 2023. L’objectif est d’atteindre zéro.
Vers un Botswana sans VIH
L’Initiative de triple élimination, dirigée par l’OMS en collaboration étroite avec l’UNICEF et l’ONUSIDA, vise à stopper la transmission verticale du VIH, de la syphilis et de l’hépatite B en encourageant les pays à intégrer leurs services pour améliorer la santé des mères et des enfants. En mai 2025, le comité mondial de validation a unanimement accordé au Botswana le statut Or sur la voie de l’élimination du VIH, après évaluation des interventions du programme, des laboratoires, de l’implication des organisations de la société civile et des données par rapport aux critères d’élimination.
L’obtention du statut Or par le Botswana repose sur plusieurs initiatives à fort impact :
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Des interventions pionnières telles que l’adoption précoce de l’Option B+ (traitement à vie pour toutes les femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH), la gratuité des ARV pour tous, y compris les non-citoyens depuis 2019, et la décentralisation des services via les équipes de gestion sanitaire des districts ;
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La numérisation des systèmes de collecte de données via le système Open Medical Record System (Open-MRS) ;
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Le renforcement des capacités des agents de santé communautaires grâce à des formations accrues ;
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Un leadership gouvernemental fort, avec l’engagement de ressources nationales ;
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L’intégration des organisations de la société civile, qui sensibilisent les communautés à la réduction de la stigmatisation et des violences, promeuvent les dépistages des partenaires et encouragent l’adhésion à la PrEP (prophylaxie pré-exposition) et aux traitements.
Soutien de l’initiative 2gether 4 SRHR
2gether 4 SRHR est un programme régional conjoint des Nations Unies, en partenariat avec la Suède, réunissant les efforts de l’ONUSIDA, l’UNFPA, l’UNICEF et l’OMS, afin d’améliorer la santé sexuelle et reproductive (SRHR) de tous en Afrique de l’Est et australe.
Le secrétariat régional de validation de l’Initiative de triple élimination, constitué de ces mêmes agences onusiennes, continue de soutenir le Botswana tout au long du processus de validation, avec un appui financier de 2gether 4 SRHR. Durant la première phase du programme (2018-2023), le Botswana fut le premier pays au monde à soumettre sa candidature pour l’élimination du VIH. Afin de répondre aux exigences rigoureuses en matière de données, 2gether 4 SRHR a mis en place un programme de mentorat pour renforcer les capacités des ministères de la santé à analyser et utiliser les données démontrant les progrès réalisés vers l’élimination de la transmission verticale du VIH, de la syphilis et de l’hépatite B.
Des pays comme le Botswana ont également reçu des fonds pour élaborer des feuilles de route de prévention du VIH. Ces plans de prévention fondés sur des données probantes et centrés sur les personnes visent à réduire les nouvelles infections et à garantir la pérennité des programmes de prévention, même face à d’éventuelles réductions de financements.
Le Botswana fait également partie des dix pays qui ont élaboré des plans d’action pour impliquer davantage les hommes dans la prévention du VIH, s’appuyant notamment sur la campagne existante « Brothers Arise » (#Nanogang), pour encourager l’accès des hommes aux services VIH et créer des espaces favorables au dialogue sur les normes masculines. En collaboration avec le ministère de la Santé, un guide de bonnes pratiques pour les services à destination des hommes et des garçons est désormais utilisé.
Ce jalon majeur doit être célébré non seulement au Botswana mais dans toute la région. Avec 2,6 millions de nouvelles infections pédiatriques évitées depuis 2010, la baisse de 57 % des nouvelles infections chez les enfants en Afrique de l’Est et australe constitue l’un des plus grands succès de santé publique des dernières décennies. Le Botswana démontre qu’une génération sans sida est possible.
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