L’OMS publie la toute première liste de champignons dangereux pour la santé

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25 Octobre

L’OMS a publié aujourd’hui un rapport présentant la toute première liste d’agents pathogènes fongiques prioritaires : un catalogue des 19 champignons qui représentent la plus grande menace pour la santé publique. La liste des agents pathogènes fongiques prioritaires de l’OMS est la première initiative mondiale visant à opérer un classement systématique par ordre de priorité des agents pathogènes fongiques, compte tenu des besoins non satisfaits en matière de recherche et développement et de l’importance perçue pour la santé publique. Cette liste a pour but d’orienter et de stimuler la recherche et les interventions politiques afin de renforcer la riposte mondiale aux infections fongiques et à la résistance aux antifongiques.

Les agents pathogènes fongiques constituent une menace majeure pour la santé publique, car ils deviennent de plus en plus courants et résistants aux traitements, avec seulement quatre classes de médicaments antifongiques actuellement disponibles et peu de candidats en cours de développement clinique. Pour la plupart des agents pathogènes fongiques, on ne dispose pas d’outils de diagnostic rapides et sensibles, et ceux qui existent ne sont pas facilement disponibles ou abordables au niveau mondial.

Les formes invasives des infections fongiques touchent souvent des personnes gravement malades et celles qui présentent de graves pathologies sous-jacentes liées au système immunitaire. Les personnes les plus exposées aux infections fongiques invasives sont celles qui ont un cancer, le VIH/SIDA, une greffe d’organe, une maladie respiratoire chronique ou une tuberculose post-primaire.

D’après de nouveaux éléments, l’incidence et la portée géographique des maladies fongiques s’étendent dans le monde entier sous l’effet du réchauffement climatique et de l’augmentation des voyages et des échanges internationaux. Pendant la pandémie de COVID-19, l’incidence rapportée des infections fongiques invasives s’est accrue de manière significative chez les patients hospitalisés. Les champignons à l’origine des infections courantes (comme les mycoses à Candida orales ou vaginales) devenant de plus en plus résistants aux traitements, les risques d’apparition de formes d’infections plus invasives dans la population générale augmentent également.

« Sortant de l’ombre de la pandémie de résistance bactérienne aux antimicrobiens, les infections fongiques se développent et sont de plus en plus résistantes aux traitements, devenant ainsi un problème de santé publique dans le monde entier », déclare la Dre Hanan Balkhy, Sous-Directrice générale de l’OMS chargée de la résistance aux antimicrobiens.

Malgré ces inquiétudes grandissantes, les infections fongiques ne bénéficient que de très peu d’attention et de ressources, d’où la rareté des données de qualité sur la distribution des maladies fongiques et les schémas de résistance aux antifongiques. Par conséquent, on ne connaît ni la charge exacte des maladies fongiques et ni celle de la résistance aux antifongiques, ce qui entrave la riposte.

Trois catégories prioritaires

La liste de l’OMS est divisée en trois catégories : priorité critique, priorité élevée et priorité moyenne. Les agents pathogènes fongiques de chaque catégorie sont ainsi classés principalement en fonction de leur impact sur la santé publique et/ou du risque émergent de résistance aux antifongiques. Tout en reconnaissant que ces agents pathogènes critiques constituent un problème de santé publique à l’échelle mondiale, l’OMS souligne que la liste doit être interprétée et contextualisée avec soin, car certains agents pathogènes endémiques pourraient être plus préoccupants dans leur contexte régional ou local.

Besoin de davantage de données probantes et domaines d’action prioritaires

Les auteurs du rapport insistent sur la nécessité de disposer de davantage de données pour étayer la riposte à cette menace croissante et pour mieux comprendre la charge, tant de la maladie que de la résistance aux antifongiques. Le rapport souligne également l’urgence de mener une action coordonnée pour lutter contre l’impact de l’utilisation des antifongiques sur la résistance dans le cadre de l’approche « Une seule santé » et appelle à élargir l’accès équitable à des outils de diagnostic et des traitements de qualité.

« Nous avons besoin de davantage de données et d’éléments probants sur les infections fongiques et la résistance aux antifongiques afin d’éclairer et d’améliorer la riposte à ces agents pathogènes fongiques prioritaires », affirme le Dr. Haileyesus Getahun, Directeur du département de la coordination mondiale de la résistance aux antimicrobiens à l’OMS.

Le rapport présente des stratégies à l’intention des décideurs politiques, des professionnels de la santé publique et des autres parties prenantes. Ces stratégies visent toutes à fournir des données probantes et à améliorer la riposte à ces agents pathogènes fongiques prioritaires, notamment en prévenant l’apparition d’une résistance aux médicaments antifongiques. Les principales mesures recommandées sont axées sur 1) le renforcement des capacités et de la surveillance des laboratoires ; 2) le soutien aux investissements dans la recherche, le développement et l’innovation et 3) l’amélioration des interventions de santé publique en matière de prévention et de lutte.

« Les pays sont encouragés à suivre une approche par étapes, en commençant par renforcer leurs capacités de laboratoire et de surveillance des maladies fongiques, et en garantissant un accès équitable aux traitements et aux outils de diagnostic de qualité existants, au niveau mondial », ajoute le Dr. Haileyesus Getahun.

La résistance aux médicaments antifongiques est en partie due à leur utilisation inappropriée dans le cadre de l’approche « Une seule santé ». Par exemple, le recours abusif aux antifongiques dans l’agriculture est lié à l’augmentation du nombre d’infections à Aspergillus fumigatus résistant aux antifongiques azolés. Le rapport préconise également d’encourager l’OMS à collaborer avec les organisations quadripartites et d’autres partenaires afin d’étudier l’impact de l’emploi des antifongiques sur la résistance dans le cadre de l’approche « Une seule santé ».

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