Dans le contexte du Rapport 2024 sur les progrès de la lutte contre le paludisme en Afrique, qui révèle une stagnation des progrès ainsi que des menaces croissantes pour l’élimination du paludisme sur tout le continent, les chefs d’État et de gouvernement réunis au sommet de l’Union africaine se sont engagés à mobiliser les ressources nationales et à intensifier le financement intégré et innovant. Les dirigeants ont également exhorté les partenaires mondiaux à renouveler leur engagement dans la lutte contre le paludisme par la reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Alors qu’un nouveau président est nommé à la tête d’ALMA, les dirigeants africains ont souligné la nécessité d’une réponse unifiée et décisive. Cet appel à l’action a été soutenu par le lancement d’une nouvelle étape de la campagne « Changez l’histoire », qui amplifie les récits d’enfants quant à l’impact du paludisme sur leur vie.
La « convergence de défis sans précédent » menace d’anéantir des décennies de progrès
Publié à l’occasion du Sommet, le Rapport 2024 sur les progrès de la lutte contre le paludisme en Afrique décrit que nous traversons un moment décisif dans la lutte contre le paludisme en Afrique, montrant que les progrès continuent de stagner, mettant en péril l’objectif ambitieux de l’Afrique d’éliminer le paludisme d’ici à 2030. Le rapport avertit que l’élimination du paludisme en Afrique est confrontée à de graves menaces, notamment l’insuffisance des ressources, la croissance démographique rapide, le changement climatique, la résistance biologique — y compris la résistance aux insecticides et aux médicaments — et les effets dévastateurs des crises humanitaires. L’ensemble de ces facteurs crée une « convergence de défis sans précédent » qui menace d’anéantir des décennies de progrès et rend la lutte contre le paludisme plus difficile. Les dirigeants ont souligné que pour sortir le continent de cette situation, il faudra intensifier la mobilisation des ressources, notamment grâce à des financements innovants, à la mobilisation des ressources nationales ainsi qu’à l’introduction et au développement rapides de nouvelles interventions et de nouveaux produits.
Passation de pouvoir à la tête d’ALMA entre S.E. le Président Embaló et le Président Duma Gideon Boko, de la République du Botswana.
Au terme de son mandat à la présidence d’ALMA, après plus de deux ans à mener la lutte contre le paludisme sur le continent, S.E. le Président Umaro Sissoco Embaló de Guinée-Bissau a officiellement passé le relais à S.E. le Président Duma Gideon Boko, qui s’est engagé à continuer à faire avancer le programme d’élimination du paludisme tout en soulignant l’importance d’accorder la priorité à des ressources accrues dans tous les domaines afin de prévenir une résurgence catastrophique et de revenir sur le chemin de l’élimination du paludisme.
« L’Afrique doit d’urgence relever le défi en mobilisant des ressources nationales, notamment en puisant dans nos fonds d’urgence et en augmentant nos allocations budgétaires en faveur de la santé. Nous devons également intensifier les financements innovants, notamment par l’intermédiaire des conseils et des fonds de lutte contre le paludisme, et tirer parti de plateformes telles que l’AID de la Banque mondiale et le Fonds vert pour le climat afin de garantir que nos programmes nationaux sont pleinement équipés pour faire avancer la lutte contre le paludisme. » a déclaré le Président Duma Gideon Boko.
Présente à la cérémonie de remise, Son Excellence Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente de la République du Liberia et ancienne présidente d’ALMA, a noté que neuf conseils de lutte contre le paludisme ont été créés depuis lors et ont collecté collectivement plus de 125 millions de dollars dans la lutte contre le paludisme. « Ces conseils multisectoriels encouragent également les soins de santé primaires, notamment par l’engagement d’agents de santé communautaire. Ces agents de santé communautaire sont essentiels dans la lutte contre de nombreuses maladies, notamment le paludisme, la diarrhée et la pneumonie, sont au cœur des soins de santé primaires et doivent être davantage développés. »
Une pleine reconstitution des ressources du Fonds mondial est essentielle pour se remettre sur la voie de l’élimination.
« La lutte contre le paludisme est un pionnier du renforcement des systèmes de santé, des soins de santé primaires et de la préparation aux pandémies ; il illustre la nécessité urgente de lutter contre les effets du changement climatique sur la santé. C’est pourquoi nous devons garantir des ressources suffisantes pour lutter contre le paludisme, le VIH et la tuberculose et renforcer les systèmes de santé, en particulier lors de la prochaine reconstitution des ressources du Fonds mondial », a déclaré Son Excellence l’ambassadrice Minata Samate Cessouma, commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social de la Commission de l’Union africaine.
La lutte contre le paludisme est un pionnier du renforcement des systèmes de santé, des soins de santé primaires et de la préparation aux pandémies
Le Fonds mondial est la principale source de financement de la lutte contre le paludisme, puisqu’il fournit 62 % de l’ensemble du financement international des programmes de lutte contre le paludisme. Il est donc essentiel que la reconstitution des ressources du Fonds mondial soit couronnée de succès cette année.
Le rapport souligne en outre l’urgence de développer les outils de nouvelle génération, notamment les doubles moustiquaires imprégnées d’insecticide, les nouveaux insecticides, les nouveaux médicaments contre le paludisme et les vaccins antipaludéens. À cette fin, les dirigeants ont appelé à accélérer ces interventions et à veiller à ce qu’elles soient déployées afin de relever le défi croissant de la résistance biologique. La fabrication de ces outils localement, en Afrique, peut stimuler la croissance économique tout en améliorant les résultats en matière de santé publique.
Changer l’histoire : Une nouvelle campagne pour dynamiser l’action et susciter une volonté politique et des investissements accrus
La première d’un nouveau film a également eu lieu lors du sommet, dans le cadre de la dernière étape de la campagne internationale « Changez d’histoire ». Les enfants sont les plus vulnérables au paludisme et pourtant leur voix n’est souvent pas prise en compte. Cette campagne recueille les témoignages poignants d’enfants quant à l’impact du paludisme sur leur vie, met en lumière le coût humain de la maladie et souligne le besoin urgent d’agir, notamment en augmentant les investissements pour éliminer le paludisme.
La campagne encourage les dirigeants à soutenir la reconstitution critique des ressources du Fonds mondial de cette année. Elle offre également une plateforme aux pays endémiques pour prendre des mesures supplémentaires afin d’accélérer la réduction du paludisme, notamment en augmentant les investissements nationaux visant à éliminer la maladie.
La dernière étape de la campagne est soutenue par des personnalités de premier plan, dont Chimamanda Ngozi Adichie, ambassadrice de Zero Palu ! Ça commence avec moi », qui a déclaré : « Nous devons prendre en compte la voix des enfants aujourd’hui, car les décisions prises par nos dirigeants détermineront leur avenir demain. Le Nigeria, où je suis née, est le pays le plus touché par le paludisme. Je sais donc de première main à quel point cette maladie peut entraver l’éducation des enfants, les priver de leurs moyens de subsistance et parfois leur ôter la vie. C’est pourquoi il est urgent de changer l’histoire de la lutte contre le paludisme. Les dirigeants doivent tourner la page et entamer un nouveau chapitre, plus porteur d’espoir, afin de sauver des vies ».
Le nouveau film de la campagne nous fait découvrir l’impact dévastateur des graves inondations au Mozambique, à travers l’histoire passionnante d’une jeune fille, Gloria, qui vit à Boane. « Je me souviens que le ciel s’est mis en colère. La pluie est tombée si fort qu’on aurait dit que des éléphants dansaient sur le toit. Le toit s’est envolé et la maison a commencé à se remplir d’eau. Notre maison avait disparu, l’eau avide avait tout pris — nos lits, nos moustiquaires et mon jouet préféré. Nous avons couru à l’école pour nous cacher. Cela a été l’épisode le plus effrayant de ma vie », raconte Gloria.
Célébration de la certification de l’Égypte comme pays exempt de paludisme par l’OMS
Alors que la lutte contre le paludisme se heurte à des difficultés persistantes, la certification de l’Égypte comme pays exempt de paludisme a marqué une étape importante en 2024.
Au cours de la conférence de presse, S.E. le Président Duma Gideon Boko et le Dr Chikwe Ihekweazu, le DGA et directeur régional par intérim du Bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Afrique (OMS AFRO), ont remis à l’ambassadeur Ashraf Sweilam, ministre adjoint des Affaires étrangères pour les organisations et communautés africaines de la République arabe d’Égypte et représentant personnel du président de la République arabe d’Égypte auprès de l’AUDA-NEPAD, un prix en reconnaissance de cette réalisation, notant que la victoire contre le paludisme est réalisable.
Des progrès durables sont possibles avec un engagement total
Selon le rapport 2024 sur les progrès du paludisme en Afrique, l’incidence du paludisme a diminué de 38 % et la mortalité de 60 % depuis 2000, ce qui a permis d’éviter 1,8 milliard de cas et de sauver 11,9 million de vies en Afrique au cours des deux dernières décennies. Ces progrès montrent qu’en dépit des défis pressants, il est possible de réaliser des progrès durables dans la lutte contre le paludisme en s’engageant pleinement. Dans son allocution, S.E. le Président Umaro Sissoco Embaló a rappelé aux dirigeants, aux décideurs politiques et aux partenaires qu’il était impératif d’agir maintenant et de soutenir une action d’envergure. Il est temps d’accélérer l’élimination du paludisme sur le continent.
African Leaders Malaria Alliance
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