L’endométriose

1 0
Read Time:9 Minute, 14 Second

L’endométriose est une maladie qui se caractérise par la présence de tissu semblable à l’endomètre (muqueuse utérine) en dehors de l’utérus (1). Elle provoque des réactions inflammatoires chroniques qui peuvent engendrer la formation de tissu cicatriciel (amas de tissus, fibrose) dans le bassin et d’autres parties du corps. Plusieurs types de lésions ont été observés (1, 6) :

l’endométriose superficielle, localisée principalement dans le péritoine pelvien ;le kyste ovarien endométriosique (endométriome), localisé dans les ovaires ;l’endométriose profonde, localisée dans le septum recto-vaginal, la vessie et le rectum ;des lésions d’endométriose hors du bassin (rare).

Les symptômes provoqués par l’endométriose varient. Parmi eux figurent notamment :

des règles douloureuses,des douleurs pelviennes chroniques,des douleurs pendant et/ou après un rapport sexuel,des douleurs lors de la défécation,des douleurs lors de la miction,de la fatigue,de la dépression ou de l’angoisse,et/ou des ballonnements et des nausées.

Outre les symptômes susmentionnés, l’endométriose peut entraîner une infertilité, en raison probablement des effets qu’elle provoque sur la cavité pelvienne, les ovaires, les trompes de Fallope ou l’utérus. Il ne semble pas y avoir de corrélation entre l’étendue des lésions d’endométriose et la gravité ou la durée des symptômes : ainsi, certaines personnes présentant visiblement des lésions importantes ne souffrent que de symptômes légers, tandis que d’autres personnes présentant seulement quelques lésions souffrent de symptômes aigus.

Les symptômes s’atténuent souvent après la ménopause, mais dans certains cas, des douleurs persistent. Les douleurs chroniques peuvent être dues à une hyperactivité du centre de la douleur du cerveau développée au fil du temps (sensibilisation centrale). Elles peuvent apparaître à n’importe quel stade de l’endométriose (que celle-ci soit traitée, insuffisamment traitée, ou non traitée) et persister même une fois que les lésions d’endométriose ne sont plus visibles. Dans d’autres cas, l’endométriose peut être asymptomatique.

Quelles sont les causes de l’endométriose ?

L’endométriose est une maladie complexe qui touche des femmes du monde entier, parfois dès le début des premières règles (ménarche) et jusqu’à la ménopause, indépendamment de leur origine ethnique ou de leur situation sociale. On estime que les causes exactes de l’endométriose sont multiples, à savoir que différents facteurs contribuent au développement de la maladie. Plusieurs hypothèses ont été formulées pour expliquer les origines de l’endométriose. À l’heure actuelle, on pense que la maladie découle :

de menstruations rétrogrades, qui se caractérisent par la remontée de sang menstruel contenant des fragments d’endomètre par les trompes de Fallope et jusque dans la cavité pelvienne, alors même que les règles se produisent et que du sang s’écoule le long du bassin et est évacué de l’organisme par le vagin.

Les menstruations rétrogrades peuvent amener des cellules semblables à du matériel utérin à se déposer en dehors de l’utérus, où elles s’implantent et se développent ;d’une métaplasie, à savoir la transformation d’un tissu en un autre. Il se pourrait que des cellules situées en dehors de l’utérus se transforment en des cellules semblables à du matériel utérin et commencent à croître ;de cellules souches provoquant la maladie, laquelle se propagerait ensuite dans l’organisme à travers les vaisseaux sanguins et lymphatiques.

D’autres facteurs peuvent contribuer au développement ou à la présence continue d’endomètre ectopique. On sait par exemple que les œstrogènes favorisent les inflammations, le développement de l’endométriose et les douleurs qui y sont associées, et jouent donc un rôle dans la maladie. Le lien entre œstrogènes et endométriose est toutefois complexe, car l’absence d’œstrogènes n’empêche pas forcément l’endométriose d’être présente.

Il semblerait que plusieurs facteurs promeuvent eux aussi le développement, la croissance et la persistance de lésions d’endométriose, parmi lesquels une altération ou déficience de la réponse immunitaire, des influences hormonales complexes et localisées, la génétique, voire des contaminants environnementaux (2, 7).

Avantages de la lutte contre l’endométriose sur le plan sanitaire, social et économique

L’endométriose a des répercussions considérables sur le plan de la société, de la santé publique et de l’économie. Les douleurs aiguës, la fatigue, la dépression, l’angoisse et l’infertilité qu’elle provoque entraînent une diminution de la qualité de vie des personnes touchées.

Il est des personnes chez qui l’endométriose entraîne des douleurs handicapantes qui les empêchent d’aller travailler ou étudier (8, 9). Le traitement de l’endométriose peut alors permettre de réduire l’absentéisme scolaire ou d’accroître la capacité d’une personne de faire partie de la population active.

Les douleurs provoquées par l’endométriose peuvent pousser des personnes atteintes de la maladie à interrompre des rapports sexuels ou à les éviter, ce qui a un impact sur leur santé sexuelle et/ou celle de leurs partenaires (9). En promouvant le droit de tous à un niveau de santé sexuelle et reproductive, de qualité de vie et de bien-être global le meilleur possible, le traitement de l’endométriose permet aux personnes touchées d’avoir prise sur leur propre vie.

Prévention

À l’heure actuelle, on ignore comment prévenir l’endométriose. Une sensibilisation accrue associée à un diagnostic et une prise en charge précoces peuvent ralentir ou stopper la progression naturelle de la maladie, ainsi qu’alléger les symptômes à long terme, voire notamment réduire le risque de sensibilisation du système nerveux central à la douleur. Il n’existe néanmoins aucun remède à l’heure actuelle.

Diagnostic

On suspecte un cas d’endométriose en passant rigoureusement en revue les symptômes menstruels et les douleurs pelviennes chroniques d’une patiente. Si plusieurs outils et tests de dépistage ont été proposés et mis à l’essai, aucun n’a été validé pour son aptitude à repérer ou prédire avec précision les personnes ou populations les plus susceptibles d’être atteintes de la maladie.

Le fait de suspecter rapidement une endométriose joue un rôle essentiel dans l’établissement d’un diagnostic précoce, car l’endométriose provoque souvent des symptômes semblables à ceux d’autres affections, ce qui contribue à des diagnostics tardifs. Outre l’examen des antécédents médicaux, il se peut que des investigations supplémentaires soient nécessaires, pour lesquelles les patientes doivent être orientées du niveau des soins de santé primaire vers des centres de santé secondaire.

Ainsi, pour être détectés, les endométriomes, les amas de tissus et les formes nodulaires profondes de la maladie nécessitent souvent une échographie ou l’imagerie par résonnance magnétique (IRM). Faisant souvent suite à une visualisation chirurgicale/laparoscopique, des examens histologiques peuvent servir à confirmer un diagnostic, en particulier dans le cas des lésions superficielles les plus courantes (1, 2). La nécessité de confirmer un diagnostic au moyen de la chirurgie/laparoscopie ne doit pas empêcher le démarrage d’un traitement médical empirique.

Traitement

En fonction des symptômes, des lésions, des résultats souhaités et du choix de la patiente, un traitement peut consister en des médicaments et/ou une intervention chirurgicale (4). Parmi les traitements courants figurent des contraceptifs stéroïdiens, des anti-inflammatoires non stéroïdiens et des analgésiques (antidouleur). Tous doivent être rigoureusement prescrits et faire l’objet d’un suivi pour éviter de potentiels effets secondaires problématiques.

Les traitements médicamenteux contre l’endométriose mettent l’accent soit sur la diminution du taux d’œstrogènes, soit sur l’augmentation du taux de progestérone, afin de modifier l’environnement hormonal qui favorise l’endométriose. Parmi ces traitements médicamenteux figurent les pilules contraceptives œstroprogestatives ou combinées, les progestatifs et les analogues de la GnRH.

Il convient néanmoins de noter ce qui suit : aucun de ces traitements n’éradique la maladie ; ces traitements peuvent entraîner des effets secondaires ; et des symptômes dus à l’endométriose peuvent parfois (mais pas toujours) réapparaître après l’arrêt des traitements. Le choix du traitement dépend de son efficacité chez la personne en question, de ses effets secondaires, de son innocuité à long terme, de son coût et de son accessibilité. La plupart des traitements hormonaux actuellement disponibles ne conviennent pas aux femmes atteintes d’endométriose qui souhaitent avoir des enfants, car ils entraînent des répercussions sur l’ovulation.

Une intervention chirurgicale peut éliminer les lésions, amas de tissus et tissus cicatriciels associés à l’endométriose. En revanche, l’étendue de la maladie détermine souvent le succès d’une intervention chirurgicale en ce qui concerne la réduction des symptômes douloureux et l’accroissement du taux de grossesse. En outre, des lésions peuvent réapparaître après avoir été éliminées, et des anomalies dans les muscles du plancher pelvien peuvent contribuer à des douleurs pelviennes chroniques.

Chez certaines patientes présentant des modifications secondaires du bassin, notamment du plancher pelvien, et un syndrome de sensibilisation centrale, la physiothérapie et des traitements complémentaires peuvent être bénéfiques. Dans les cas où l’endométriose entraîne une infertilité, il existe plusieurs traitements possibles, parmi lesquels l’élimination de l’endométriose par chirurgie laparoscopique, la stimulation ovarienne au moyen de l’insémination intra-utérine (IIU), et la fécondation in vitro (FIV) ; leur taux de réussite est toutefois variable (4).

En plus d’une endométriose, il arrive qu’une patiente présente des comorbidités nécessitant elles aussi un diagnostic et une prise en charge. Pour être le plus efficace possible, un traitement pluridisciplinaire visant à lutter contre différents symptômes et à promouvoir la santé globale devrait faire intervenir, outre des gynécologues, différents spécialistes comme des spécialistes de la douleur, des physiothérapeutes spécialisés en rééducation pelvienne, des experts en médecine complémentaire et alternative, des médecins généralistes et des psychologues (2, 10).

Source : Organisation Mondiale de la Santé

Références

  1. Organisation mondiale de la Santé (OMS). Classification internationale des maladies, 11e révision (CIM-11), Genève : OMS 2018.
  2. Zondervan KT, Becker CM, Missmer SA. « Endometriosis ». The New England Journal of Medicine, 2020 ; 382:1244-56.
  3. Agarwal SK, Chapron C, Giudice LC, et al. « Clinical diagnosis of endometriosis: a call to action ». American Journal of Obstetrics & Gynecology, 2019(4)354-64.
  4. Johnson NP, Hummelshoj L, World Endometriosis Society Montpellier Consortium. « Consensus on current management of endometriosis ». Human Reproduction, 2013 ; 28(6):1552-68.
  5. Horne AW, Saunders PTK, Abokhrais IM, et al. « Top ten endometriosis research priorities in the UK and Ireland ». The Lancet Journal, 2017 ; 389:2191-92.
  6. Johnson NP, Hummelshoj L, Adamson GD, et al. « World Endometriosis Society consensus on the classification of endometriosis ». Human Reproduction, 2017 ; 32(2):315-24.
  7. Wen X, Xiong Y, Qu X, et al. « The risk of endometriosis after exposure to endocrine-disrupting chemicals: a meta-analysis of 30 epidemiology studies ». Gynecological Endocrinology, 2019 ; (35):645-50.
  8. Nnoaham K, Hummelshoj L, Webster P, et al. « Impact of endometriosis on quality of life and work productivity: a multicenter study across ten countries ». Fertility and Sterility, 2011 ; 96(2):366-73.e8.
  9. Culley L, Law C, Hudson N, et al. « The social and psychological impact of endometriosis on women’s lives: a critical narrative review ». Human Reproduction Update, 2013 ; 19(6):625-639.
Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %

About Author