Le système de santé public au Maroc est sous pression. Les protestations citoyennes et les interpellations de responsables politiques se multiplient, révélant une dégradation préoccupante des services. Le manque de lits, la pénurie de personnel soignant, et des infrastructures vieillissantes empêchent les hôpitaux de répondre efficacement aux besoins des patients.
Vague de contestation à Agadir
Début septembre 2025, une série de manifestations a eu lieu, culminant à Agadir devant l’hôpital régional Hassan II. Cette mobilisation, qui a rassemblé des centaines de personnes le 14 septembre, faisait suite à plusieurs décès de jeunes mères dans le service de maternité. Le député Khalid Chnaq avait déjà interpellé le ministre de la Santé sur la situation, après la mort de six jeunes femmes à la suite de césariennes en une seule semaine.
Les manifestants réclament des améliorations concrètes :
- L’ouverture du nouveau centre hospitalier universitaire (CHU) d’Agadir.
- La création de « maisons de maternité » dans la région.
- Le recrutement de plus de personnel médical et paramédical.
- L’acquisition d’équipements de réanimation modernes.
La colère citoyenne s’est également exprimée à travers des slogans dénonçant la corruption et un mauvais usage des fonds publics, comme en témoigne la phrase « des hôpitaux, pas des terrains de foot ». Un médecin de l’hôpital Hassan II a lui-même dénoncé publiquement cette situation. Dans une vidéo, il a souligné que les patients craignent de mourir à l’hôpital et a critiqué les retards administratifs qui empêchent l’ouverture du nouveau CHU, malgré sa préparation.
Une crise qui touche tout le pays
La situation d’Agadir n’est pas isolée. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des scènes de détresse dans d’autres établissements publics à travers le pays. La députée Najwa Koukous a aussi soulevé le problème de l’hôpital Abderrahim Harouchi à Casablanca, où le décès d’un nouveau-né a été lié au manque d’incubateurs. Elle a mis en évidence le fait que la région, qui compte plus de sept millions d’habitants, ne dispose que d’un seul résident en chirurgie pédiatrique.
Selon une enquête Afrobarometer, l’accès aux soins est inégalitaire, avec seulement 38 % des personnes à faibles revenus estimant pouvoir y accéder facilement. Le rapport de la carte sanitaire 2024 du ministère de la Santé révèle un déficit important : le Maroc dispose d’un lit pour 1 307 habitants, un chiffre bien en deçà des normes internationales, et la majorité de ces lits sont concentrés dans seulement cinq régions.
Gestion des ressources : des priorités remises en question
Plusieurs facteurs structurels sont pointés du doigt. La Cour des comptes a critiqué le manque d’organes de gouvernance pour le secteur. La corruption, selon l’INPPLC, est un problème majeur qui affecterait 68 % des responsables du secteur.
De plus, l’investissement dans le secteur de la santé semble mal réparti. Alors que d’énormes sommes sont allouées à la modernisation des stades pour la Coupe du monde 2030 (entre 50 et 60 milliards de dirhams), le secteur de la santé est en souffrance. D’après Morocco World News, des ouvriers travaillant sur le CHU Ibn Sina de Rabat auraient même été réaffectés pour accélérer la rénovation d’un stade, soulignant un déséquilibre flagrant dans les priorités du gouvernement. Cette situation est d’autant plus difficile à accepter que 75 % des hôpitaux marocains ne répondent pas aux standards de l’Organisation Mondiale de la Santé.
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