Chaque 12 mai, le monde rend hommage aux infirmières et infirmiers, maillons indispensables de nos systèmes de santé. En Afrique, leur rôle est vital : souvent en première ligne, dans les hôpitaux comme dans les zones rurales reculées, ils assurent soins, écoute, prévention et éducation, parfois dans des conditions extrêmement difficiles.
Pourtant, leur engagement héroïque est trop souvent ignoré, mal rémunéré, et sous-estimé. Cette journée est l’occasion de leur rendre hommage, mais aussi d’appeler à des actions concrètes pour reconnaître leur rôle, améliorer leurs conditions de travail et renforcer la formation et la valorisation de la profession infirmière en Afrique.
1. L’infirmière africaine, une actrice polyvalente du système de santé
Premier point de contact dans de nombreuses structures de santé primaire.
Polyvalente : soins curatifs, consultations prénatales, accouchements, vaccinations, suivi des maladies chroniques, sensibilisation communautaire.
Pilier des urgences, des hôpitaux surchargés, et souvent responsable de services entiers en l’absence de médecin.
Actrice clé de la santé publique et des programmes de lutte contre les maladies infectieuses et non transmissibles.
« Là où il n’y a pas de médecin, il y a souvent une infirmière qui sauve des vies. »
2. Des conditions de travail souvent précaires
Sous-effectifs chroniques, avec des charges de travail démesurées.
Salaires modestes, parfois impayés durant plusieurs mois.
Manque de matériel, d’équipements de protection, et de médicaments.
Risques professionnels élevés : infections, agressions, stress psychologique.
Peu de perspectives de formation continue ou de revalorisation professionnelle.
En Afrique subsaharienne, on compte parfois moins d’1 infirmière pour 1 000 habitants, contre 8 à 10 dans les pays développés (OMS, 2023).
3. Témoins des souffrances, garants de la dignité
Les infirmières sont souvent les premières à écouter la douleur, le désespoir, la peur. Elles accompagnent :
les accouchements et les deuils,
les malades chroniques et les blessés,
les enfants et les vieillards, les riches comme les oubliés.
Elles portent le poids émotionnel de vies qu’elles soutiennent, dans l’ombre et la discrétion. Leur rôle dépasse le soin : c’est une présence humaine, éthique et éducative.
4. Que faire pour soutenir la profession infirmière en Afrique ?
✔ Reconnaissance et valorisation
Campagnes de sensibilisation grand public sur leur rôle.
Journées officielles au sein des établissements.
Intégration dans les instances de décision sanitaire.
✔ Formation et spécialisation
Augmenter les capacités des écoles d’infirmiers.
Mettre en place des parcours de spécialisation (pédiatrie, santé mentale, soins palliatifs…).
Encourager la formation continue et l’accès aux technologies.
✔ Conditions de travail dignes
Salaires décents, sécurité de l’emploi.
Conditions sanitaires correctes.
Accès à des équipements de qualité.
✔ Leadership infirmier
Promouvoir le leadership infirmier dans les politiques de santé.
Reconnaître les compétences avancées (infirmiers cliniciens, responsables communautaires…).
En Afrique comme ailleurs, pas de système de santé sans infirmiers et infirmières. Ils sont les piliers silencieux de la santé publique, de l’humanisme et de la résilience. En ce 12 mai, rendons-leur hommage, mais allons plus loin : engageons-nous à les écouter, les soutenir, les former et les protéger.
Parce qu’honorer les infirmières, c’est honorer notre propre santé.
Dr F Abolore
Références
OMS. State of the World’s Nursing Report 2020.
ICN (International Council of Nurses). Nurses: A Voice to Lead.
WHO Africa. Investing in nursing to strengthen health systems in Africa, 2022.
ONU Femmes. Le rôle des femmes dans la santé communautaire en Afrique, 2023.
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