Améliorer l’accès aux soins de santé maternelle au Burkina Faso

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Au Burkina Faso, l’amélioration de l’accès aux soins obstétricaux constitue un axe stratégique majeur pour lutter contre la mortalité maternelle. Une initiative a été lancée : la formation des sages-femmes à l’échographie obstétricale de base lors des consultations prénatales afin d’améliorer le suivi des grossesses, notamment dans les zones reculées où les spécialistes sont difficiles d’accès. L’échographie obstétricale est un outil essentiel des soins prénatals pour déterminer la date de gestation, détecter les anomalies fœtales, détecter les grossesses extra-utérines, évaluer la croissance fœtale et déterminer la méthode d’accouchement la plus adaptée.

 

En 2021, le Ministère de la Santé a lancé un programme pilote dans huit districts sanitaires des régions de la Boucle du Mouhoun et des Hauts-Bassins.

 

« Auparavant, les femmes enceintes suivies dans notre centre devaient se rendre ailleurs pour passer une échographie. Cela entraînait des retards de diagnostic, des coûts supplémentaires et parfois des complications évitables », explique Denise, sage-femme et responsable de la maternité du Centre médical urbain de Sakaby.

 

Denise, ainsi que 17 autres sages-femmes, ont suivi une formation spécialisée en échographie obstétricale de base en novembre 2023. « Cette initiative change la donne, car la détection précoce des complications est essentielle pour la sécurité de la mère et de l’enfant », explique-t-elle. Suite à cette formation, elle et son équipe ont réalisé plus de 2 000 échographies entre janvier 2024 et mars 2025, et dix grossesses à risque ont été identifiées et prises en charge à temps.

 

« L’accès facile à l’échographie est d’une importance stratégique, tant pour la santé publique que pour le développement socio-économique. L’échographie permet un diagnostic précoce et non invasif des anomalies, permettant ainsi une prise en charge rapide », explique le Dr Moussa Dadjoari, responsable des services de santé des femmes, des hommes et des personnes âgées à la Direction de la santé familiale du ministère de la Santé.

 

Le centre médical urbain de Sakaby a également enregistré le plus grand nombre de consultations prénatales et d’accouchements depuis le début du projet, avec plus de 1 300 consultations prénatales et accouchements en novembre 2022 et octobre 2023.

 

Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus large visant à améliorer la qualité des soins maternels, parallèlement à d’autres mesures telles que la gratuité des soins de santé pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, y compris les soins liés à l’accouchement, l’accès gratuit à la planification familiale, l’amélioration de la santé communautaire grâce à une promotion et une prévention ciblées de la santé pour les femmes enceintes et en post-partum, et une meilleure gestion des complications obstétricales.

 

Le projet a été rendu possible grâce au financement du Projet de santé sexuelle et reproductive, qui a soutenu l’élaboration d’un manuel de formation à l’échographie et la formation de formateurs.

 

Le Dr Jean de Dieu Sanou, gynécologue-obstétricien au CHU Sourou Sanou de Bobo-Dioulasso et l’un des six formateurs recrutés pour le projet, salue les résultats, mais souligne les points à améliorer. « Bien que la formation des sages-femmes ait été relativement courte, elle apporte des connaissances de base utiles dans les zones mal desservies. L’absence d’échographie peut entraîner un diagnostic tardif de maladies graves ou l’absence totale de grossesses multiples. »

 

L’OMS recommande une échographie avant la 24e semaine de grossesse afin d’optimiser le suivi prénatal. Cette approche réduit non seulement les risques pour la mère et l’enfant, mais renforce également la confiance des femmes dans le système de santé. « Pour que cette recommandation devienne réalité, il est essentiel d’investir davantage dans la formation du personnel, l’équipement des établissements de santé et la sensibilisation des communautés », déclare le Dr Ramatou Sawadogo Windsouri, responsable du programme de santé maternelle et infantile au bureau de l’OMS au Burkina Faso.

 

L’OMS a apporté un soutien stratégique à la Direction de la santé familiale afin d’inciter les organismes professionnels, notamment les gynécologues-obstétriciens, les sages-femmes et les radiologues, à promouvoir l’acceptation. L’OMS a également soutenu l’élaboration d’un manuel de formation adapté au contexte burkinabé.

 

Néanmoins, des défis subsistent. Dans la plupart des centres de santé, une seule sage-femme a été formée, ce qui rend le service indisponible en son absence. Des pénuries de fournitures ont également été signalées.

 

L’OMS et le ministère de la Santé prévoient d’étendre le projet à d’autres districts, avec le soutien de la Banque mondiale. L’objectif est de faire de l’échographie prénatale de base un service essentiel accessible à toutes les femmes enceintes, où qu’elles vivent. L’introduction de l’échographie dans les centres de santé publics permet de réduire les inégalités d’accès aux soins et de sauver des vies.

 

Organisation Mondiale de la Santé

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