Afiya Real Talk : Femme et Médecine : Rebecca BATEZI -

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Je m’appelle ASIFIWE BATEZI Rebecca. J’ai 25ans, je suis congolaise et je suis à la fin de mon internat.( J’obtiens mon diplôme de médecine en Juin).

J’ai commencé mes études trop jeune à 4ans et j’ai obtenu mon premier diplôme à 17ans.

Je vis à l’ Est de la République démocratique du Congo et comme vous le lisez sur les infos, c’est une zone dangereuse. J’ai passé toute mon enfance dans cette ville et c’est le ras-le-bol de voir des gens souffrir autour sans pouvoir intervenir qui m’a donné envie de faire médecine…

Je voulais faire quelque chose pour soulager ou pour atténuer la douleur. Mais dans ma famille et mon entourage les études de médecine étaient faites pour les hommes. Ma propre mère n’était pas d’accord que je fasse médecine…mais moi je savais que j’étais née pour être médecin, c’était ça ou rien…je ne me voyais vraiment pas faire autre chose! Je me rappelle que plus d’une fois ma grand-mère m’a fait assoir pour m’expliquer que je ne pourrais pas me marier si je n’abandonne pas la médecine ( Biensûr que pour elle, le mariage veut tout dire) mais moi je souriais et après je me concentrais sur ce qui était important pour moi: mes études.

En 3ème année de médecine j’ai entendu parlé de IFMSA( International Federation Of Medical Students’ Associations) par le biais de son chapitre au Congo:MSA-DRC( Medical Students Association in Democratic Republic Of Congo) et j’ai adhéré dans l’association. Une année après , j’ai été élue présidente nationale de cette association et c’est comme ça que je me suis retrouvée au service de la communauté pour la toute première fois.

J’aimais ce que je faisais, pouvoir participer activement au changement et cela d’une façon quotidienne que ça soit avec mes camarades à la faculté, que ça soit avec des jeunes adolescents dans la société ou les déplacés de guerre, c’était un immense honneur. J’ai dirigé l’association pendant deux ans et cela m’a permis de découvrir beaucoup de cultures de pays différents à travers mes collègues de IFMSA de différents pays et cela a changé ma vie.

Je ne voyais plus les choses de la même façon. Je voulais faire plus… et après mon mandat dans MSA-DRC, J’ai lancé ma toute première entreprise ( une entreprise de production de savons liquides pour nettoyage) c’était pendant la pandémie COVID et je me rappelle qu’en même temps je travaillais en tant que préceptrice le soir après la fac, je donnais des cours à domicile aux enfants de l’école primaire pour pouvoir subvenir à certains de mes besoins.

L’année qui a suivi j’ai intégré une autre association SAF-RDC qui lutte pour prévenir les conséquences liées à la consommation de l’alcool pendant la grossesse. J’ai été élue coordinatrice et c’est l’association que je dirige jusqu’à présent. Sur ma route j’ai rencontré beaucoup d’obstacles mais le plus grand c’était le fait que je n’avais pas assez confiance en moi…je ne me connaissais pas, je ne m’aimais pas assez, je ne me trouvais pas assez à la hauteur et c’est ce qui faisait que les choses que les gens me répétaient pour me décourager m’atteignaient de temps en temps…et puis j’ai fait la rencontre de la petite fille qui vivait en moi et j’en suis tombée amoureuse…ceci a changé littéralement ma vie.

Ce qui comptait désormais ce n’était pas que les gens pensent que je vais réussir ou pas, ce n’était pas que les gens me trouvent audacieuse ou pas, c’était ce que je voulais accomplir et rien d’autre…
Aujourd’hui je regarde l’avenir avec beaucoup d’espoir… J’ai toujours voulu faire partie de quelque chose qui me dépasse parce que je suis convaincue que chaque être humain vit pour une mission… et la mienne c’est de venir en aide aux gens!

Ma mission c’est de participer au changement de la face de la médecine en Afrique et surtout celle de mon pays! Je reste persuadée que rien n’est impossible à réaliser, le ciel n’est pas une limite… on peut tout accomplir si on découvre son être intérieur et que l’on se donne corps et âme à exploiter son talent… l’avenir est rayonnant et il est plein d’espoir…je sais que sur mon chemin, je rencontrerai des contraintes mais je sais aussi que je les surmonterai et que je m’en sortirai haut la main.

Je voudrais ajouter quelque chose… je pense que le plus grand accomplissement de ma vie jusque là est le fait que je sache qui je suis, d’aimer qui je suis, d’aimer ce que je fais, d’aimer la façon dont je le fais, de célébrer chaque jour les leçons que j’ai apprises de toutes mes erreurs et surtout de m’autoriser à aimer le fait d’avoir commis des erreurs
Le plus grand accomplissement qu’un homme puisse accomplir dans sa vie c’est de se connaître vraiment et de s’aimer tel qu’on est.

Afiya