Hypertension artérielle : le tueur silencieux qu’il faut apprendre à connaître

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On l’appelle souvent le « tueur silencieux », car elle ne provoque aucun symptôme visible pendant des années. Pourtant, l’hypertension artérielle (HTA) est l’une des principales causes de décès dans le monde. En Afrique subsaharienne, elle touche des millions de personnes, souvent sans qu’elles le sachent, jusqu’au jour où un accident grave survient. Mieux la comprendre, c’est mieux la prévenir et mieux la traiter. Aujourd’hui, à l’occasion de la journée mondiale de l’hypertension, il est essentiel de bien la connaître.

 

Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ?

La pression artérielle est la force exercée par le sang sur les parois des artères. Elle est exprimée en deux chiffres :

la pression systolique (le chiffre du haut), quand le cœur se contracte ;

la pression diastolique (le chiffre du bas), quand le cœur se relâche.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on parle d’HTA quand la pression est égale ou supérieure à 140/90 mmHg, mesurée à plusieurs reprises.

On distingue :

l’HTA primaire (ou essentielle), sans cause précise, mais favorisée par l’âge, le surpoids, l’hérédité, une mauvaise alimentation, etc. ;

l’HTA secondaire, liée à une autre maladie (rénale, endocrinienne…).

 

Pourquoi est-elle si dangereuse ?

L’HTA use lentement les vaisseaux sanguins. Sans traitement, elle peut provoquer :

-Accident vasculaire cérébral (AVC) ;

-Infarctus du myocarde communément appelé crise cardiaque;

-Insuffisance cardiaque ;

-Insuffisance rénale chronique ;

-Troubles de la vision, voire cécité.

Selon l’OMS, l’HTA cause plus de 10 millions de décès chaque année dans le monde. Ce chiffre pourrait être largement réduit avec un dépistage et un suivi appropriés.

 

L’HTA en Afrique subsaharienne : une bombe à retardement

L’hypertension artérielle (HTA) est une problématique de santé publique de plus en plus préoccupante en Afrique subsaharienne. Les données épidémiologiques montrent que la prévalence de l’HTA dans cette région est en constante augmentation, ce qui représente un défi majeur pour les systèmes de santé.

 

Prévalence élevée et sous-diagnostic

Les études révèlent qu’environ 1 adulte sur 3 est hypertendu en Afrique subsaharienne, mais moins de 20 % des cas sont diagnostiqués. En d’autres termes, la majorité des personnes ne savent pas qu’elles souffrent d’HTA, car la maladie est souvent asymptomatique. Le manque de dépistage systématique dans de nombreuses régions, ainsi que l’accès limité aux soins, contribuent à cette situation alarmante. Et moins de 10 % sont bien traitées [1].

 

Facteurs de risque uniques et multiples

La région connaît une combinaison unique de facteurs de risque qui aggrave la situation :

Urbanisation rapide : L’urbanisation croissante mène à un mode de vie plus sédentaire, une alimentation plus riche en produits transformés et salés, et une exposition accrue au stress, tous des facteurs de risque majeurs de l’HTA.

Alimentation riche en sel et en graisses : Dans de nombreuses zones urbaines, les aliments transformés, riches en sel, sucre et graisses, ont remplacé les régimes traditionnels plus sains. L’utilisation excessive de cubes et de bouillons, riches en sel, est une habitude courante qui contribue à l’augmentation de la pression artérielle.

Manque de sensibilisation : De nombreuses personnes ignorent les risques de l’HTA, et il existe un manque de campagnes de sensibilisation à grande échelle. Les pratiques traditionnelles et les croyances culturelles peuvent également freiner la recherche de soins médicaux.

Manque d’accès aux soins

Les systèmes de santé fragiles dans beaucoup de pays africains rendent le diagnostic et la gestion de l’HTA difficiles. Les infrastructures médicales sont souvent insuffisantes et les ressources humaines limitées, ce qui empêche un suivi adéquat des patients hypertendus. De plus, les médicaments antihypertenseurs sont parfois difficiles à obtenir, notamment dans les zones rurales, en raison de leur coût ou de la disponibilité restreinte.

 

Comorbidités et impact sur la santé publique

L’HTA est souvent associée à d’autres pathologies chroniques, telles que le diabète, les maladies cardiaques et l’insuffisance rénale, qui exacerbent les conséquences de l’HTA. Le manque de dépistage précoce et de traitement approprié expose les populations à des risques de complications graves, souvent irréversibles, et contribue à l’augmentation de la mortalité prématurée.

Un défi pour les politiques de santé

Les politiques de santé publique en Afrique subsaharienne doivent impérativement intégrer la prévention et la gestion de l’HTA dans leurs priorités. Le dépistage précoce, les programmes de sensibilisation et l’accessibilité des traitements doivent être au cœur des stratégies pour réduire la morbidité et la mortalité liées à cette maladie.

 

Comment la prévenir ?

L’HTA peut être largement évitée par des habitudes de vie simples :

Réduire sa consommation de sel : Limiter la consommation de sel à moins de 5g par jour, comme recommandé par l’OMS.

Éviter l’utilisation excessive de cubes et bouillons industriels, qui sont souvent riches en sel.

Opter pour des alternatives naturelles (herbes, épices) pour assaisonner les repas ;

Manger des fruits, légumes, aliments peu transformés ;

Faire au moins 30 minutes d’activité physique par jour ;

Éviter le tabac et l’alcool ;

Maintenir un poids sain ;

Mesurer sa tension régulièrement, surtout après 30 ans.

 

Que faire en cas de diagnostic d’HTA ?

Le traitement repose sur deux piliers :

-Les changements de mode de vie (indispensables et à maintenir à long terme) ;

-Les médicaments antihypertenseurs, prescrits par un professionnel de santé.

Il existe plusieurs classes de médicaments : diurétiques, IEC, ARA2, bêtabloquants, inhibiteurs calciques. Le choix dépend du profil du patient. Le suivi médical régulier est crucial pour adapter le traitement.

Important : ne jamais arrêter son traitement sans avis médical. Une tension bien contrôlée permet d’éviter les complications.

 

Ensemble contre l’HTA

L’hypertension artérielle est une maladie silencieuse mais redoutable. Elle est évitable, détectable, et traitable. Professionnels de santé, décideurs, patients : chacun a un rôle à jouer. Plus la population est sensibilisée, plus les chances d’une prise en charge précoce et efficace augmentent. Il est temps d’agir, car l’HTA ne doit plus rester une fatalité silencieuse.

Dr F Abolore

 

Références

Mills KT, Bundy JD, Kelly TN, et al. Global disparities of hypertension prevalence and control: A systematic analysis of population-based studies from 90 countries. Circulation. 2016;134(6):441–450.

World Health Organization (OMS). Hypertension fact sheet. 2023. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/hypertension

Dzudie A, et al. Hypertension in sub-Saharan Africa: a systematic review and meta-analysis. Lancet Glob Health. 2012.

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