Le cancer de la prostate est l’une des formes de cancer les plus fréquentes chez les hommes dans le monde. Affectant principalement les hommes de plus de 50 ans, cette maladie représente un enjeu majeur de santé publique. Cet article met en lumière les statistiques mondiales, les défis spécifiques rencontrés en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Burkina Faso et au Nigéria, et l’importance de la prévention et du dépistage.
Une Maladie aux Proportions Globales
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le cancer de la prostate est le premier cancer le plus diagnostiqué chez les hommes après le cancer du foie. En effet selon Globocan en 2022, le nombre de nouveaux serait de 103 050 nouveaux cas en Afrique soit une fréquence de 20,4%, faisant de cette affection le troisième en Afrique tout sexe confondu après le cancer du sein et du col utérin chez les femmes. Chaque année, des centaines de milliers de nouveaux cas sont enregistrés, avec un taux de mortalité qui varie considérablement d’une région à l’autre, en raison de l’accès aux soins et du niveau de sensibilisation (OMS, 2021). 55 744 décès enregistrés en 2022 selon Globocan ont fait du cancer de le prostate le quatrième plus meurtrier en Afrique après le sein, le col utérin et le foie.
Le Fardeau du Cancer de la Prostate en Afrique de l’Ouest
En Afrique de l’Ouest, la situation est préoccupante. Ce fleau représente en 2022 30,2% des nouveaux cas soit 31231 nouveaux cas avec un taux de mortalité de 10,8% soit 18 787 décès. Ce qui en fait le deuxième mortifère après le cancer du sein. Les hommes d’origine africaine présentent un risque accru de développer le cancer de la prostate, souvent sous des formes plus agressives que dans d’autres populations. Cet aspect est particulièrement observé en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Burkina Faso et au Nigéria.
Côte d’Ivoire
En Côte d’Ivoire, le cancer de la prostate figure parmi les cancers les plus courants chez les hommes. En 2022, 4 041 nouveaux cas ont été recensés, avec un taux de mortalité élevé de 15,7% en raison du diagnostic tardif et de l’accès limité aux soins spécialisés (Globocan 2022, Ministère de la Santé de Côte d’Ivoire, 2022). Les infrastructures pour le dépistage et le traitement, bien que présentes dans les grandes villes comme Abidjan, sont moins accessibles dans les zones rurales.
Bénin
Au Bénin, la situation est similaire, avec environ 1048 cas diagnostiqués par an soit une incidence de 30,2%. Le taux de mortalité lié à la maladie est de 12% soit 610 décès (Globocan 2022, Rapport sur la Santé Publique, 2022). Les défis comprennent un manque d’équipements médicaux modernes et une pénurie de personnel formé dans le domaine de l’oncologie. Les campagnes de sensibilisation, bien qu’en augmentation grâce aux ONG locales, nécessitent encore un appui renforcé pour avoir un impact significatif.
Burkina Faso
Le Burkina Faso fait également face à un défi croissant avec le cancer de la prostate. En 2022, environ 1 152 nouveaux cas ont été diagnostiqués (Globocan 2022, Ministère de la Santé du Burkina Faso, 2022). La mortalité lié à ce fléau au Faso est de 7% soit 772 décès enregistrés. Les principales difficultés résident dans l’accès limité aux infrastructures de santé, notamment dans les zones rurales. La capitale, Ouagadougou, est relativement bien équipée par rapport aux autres régions, mais les ressources médicales restent insuffisantes. Les campagnes de sensibilisation et de prévention sont encore à développer pour informer les hommes des signes précoces et de l’importance du dépistage régulier.
Nigéria
Le Nigéria, le pays le plus peuplé d’Afrique, fait face à un lourd fardeau avec près de 18 000 nouveaux cas annuels (Globocan 2022, Nigerian Cancer Society, 2023). 14,4 de taux de mortalité liée a la maladie soit 11 443 décès. La majorité des diagnostics se font à un stade avancé, ce qui complique le traitement et augmente le risque de mortalité. Bien que Lagos et Abuja aient des infrastructures avancées, l’accès aux soins est inégal, notamment dans les régions rurales. Des initiatives de sensibilisation et des programmes de formation du personnel de santé sont nécessaires pour améliorer la situation.
Les Défis Communs aux Quatre Pays
Les défis rencontrés en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Burkina Faso et au Nigéria incluent :
– Accès limité aux soins spécialisés : Les équipements médicaux et le personnel qualifié sont souvent concentrés dans les capitales.
– Manque de sensibilisation : Une faible sensibilisation au cancer de la prostate conduit à des diagnostics tardifs.
– Ressources insuffisantes : L’insuffisance des infrastructures et du personnel médical qualifié freine la lutte contre le cancer.
Initiatives et Solutions en Cours
Pour lutter contre le cancer de la prostate, des initiatives ont été mises en place dans ces pays :
– Côte d’Ivoire : Campagnes de dépistage mobile et partenariats avec des ONG.
– Bénin : Projets de sensibilisation communautaire et campagnes d’information.
– Burkina Faso : Collaboration entre le ministère de la Santé et des organisations internationales pour développer des cliniques mobiles.
– Nigéria : Programmes de dépistage et sensibilisation, avec des initiatives soutenues par des ONG et des partenariats public-privé.
Il est important de souligner qu’à partir de 50 ans, un dépistage peut être effectué par des professionnels de santé, incluant un examen de la prostate par toucher rectal, un dosage de l’antigène spécifique de la prostate (PSA), et éventuellement une échographie de la glande. Dans certains cas particuliers, tels que la présence de marqueurs génétiques comme le gène BRCA, il est possible de diagnostiquer la maladie avant son apparition ou à un stade précoce, afin de proposer des solutions adaptées aux patients.
Conclusion
Le cancer de la prostate est une problématique de santé mondiale, mais il prend une dimension encore plus complexe en Afrique de l’Ouest. En Côte d’Ivoire, au Bénin, au Burkina Faso et au Nigéria, les défis liés à l’insuffisance des infrastructures, à la sensibilisation limitée et aux ressources humaines nécessitent une réponse coordonnée. L’amélioration de la prévention, des diagnostics et de l’accès aux soins est cruciale pour réduire la mortalité et améliorer la qualité de vie des hommes touchés par cette maladie.
Dr F Abolore MD
Références
1. Globocan (2022)- Statistiques mondiales sur le cancer.
2. Ministère de la Santé de Côte d’Ivoire (2022) – Données sanitaires nationales.
3. Rapport sur la Santé Publique, Bénin (2022) – Rapport annuel.
4. Ministère de la Santé du Burkina Faso (2022) – Rapports de santé publique.
5. Nigerian Cancer Society (2023) – Rapport sur le cancer de la prostate au Nigéria.
6. WHO (2021) – Recommandations pour la prévention et la sensibilisation.
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