Bénin : améliorer le diagnostic rapide des cancers chez l’enfant pour sauver des vies

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Porto Novo – Chaque année, le Bénin enregistre près de 500 nouveaux cas de cancers de l’enfant. Dans le pays, les cancers de l’enfant étaient méconnus de la plupart des personnels de santé non spécialisés en oncologie.

 

« Jusqu’en 2017, les cas de cancer chez l’enfant étaient sous-diagnostiqués et les rares cas qui avaient été enregistrés n’étaient pas pris en charge au Bénin. A peine 20 % des enfants atteints étaient diagnostiqués. En conséquence, la majorité des cas entraine des décès », relève le Dr Salmane Amidou, Coordonnateur du Programme national de lutte contre les maladies non transmissibles (PNLMNT) au Ministère de la santé du Bénin.

 

Pour réduire le taux de décès, le Bénin a institué la détection précoce comme pilier central de sa stratégie contre le cancer chez l’enfant. Avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le pays s’est doté de son premier Plan Stratégique de lutte contre les Cancers 2019-2023, mettant un accent particulier sur les cancers pédiatriques.

 

La détection rapide des signes précurseurs des différents types de cancers chez l’enfant passe par le renforcement de capacités du personnel de santé. Avec l’appui des partenaires, comme l’OMS et le Groupe franco-africain d’oncologie pédiatrique (GFAOP), des formations ont été organisées à l’intention des travailleurs de la santé au niveau national sur les cinq cancers pédiatriques les plus fréquents en Afrique.

 

Ainsi, en août 2021, 30 pédiatres et médecins généralistes ont été formés comme formateurs sur le diagnostic précoce du cancer chez l’enfant et désignés comme points focaux des départements. Ces points focaux ont à leur tour formé plus de 300 paramédicaux, infirmiers et sage-femmes à raison d’un minimum de 25 travailleurs de la santé formés par département.

 

« Avant j’ignorais tout sur les signes annonciateurs du cancer chez l’enfant. Mais avec la formation de l’OMS que nous avons reçu sur les procédures et les protocoles relatifs à la prise en charge du cancer, je reconnais désormais les signes qui doivent alerter », indique Solange Dedji, Infirmière au centre de santé communale de Kouandé (Natitingou) dans le Nord du Bénin. « Maintenant, je réfère directement des cas vers l’unité d’oncologie pédiatrique de Porto-Novo. »

 

Par ailleurs, 80 étudiants en fin de cycle de formation ont également bénéficié de cours sur le cancer chez l’enfant.

 

Ces programmes de formation sont en lien avec l’Initiative mondiale de lutte contre le cancer de l’enfant (GICC) « Cure4All -Soins pour tous » lancée par l’OMS en 2018. L’objectif est d’atteindre un taux de survie d’au moins 60 % pour tous les enfants du continent africain atteints de cancer d’ici à 2030.

 

« Cette initiative vise à lutter efficacement contre le cancer chez les enfants. La vision de l’OMS est de faire en sorte qu’on puisse détecter tôt le cancer chez les enfants afin qu’ils bénéficient tous d’une prise en charge adéquate », a indiqué le Dr Jean Kouame, Représentant de l’OMS au Bénin.

 

Pour que cette cible soit atteinte, diverses recommandations ont été faites dont le renforcement des registres nationaux de cancers en vue de la collecte des données sur le cancer pédiatrique permettant ainsi d’orienter les politiques nationales.

 

En effet, l’OMS a soutenu le Bénin, à travers le renforcement des registres de cancers de Cotonou et Parakou, la formation de 30 Registraires. Aussi, l’OMS a fait don de matériel informatique afin de collecter des données, produire des statistiques sur l’incidence du cancer au niveau national et fournir un cadre pour évaluer et surveiller l’impact du cancer sur la population béninoise.

 

Après d’intenses efforts concertés dans la lutte contre les cancers pédiatriques, le nombre d’enfants diagnostiqués et ayant accès aux soins augmente. « Ces trois dernières années, nous sommes passés de 30 enfants pris en charge à plus de 100 en 2022 et ce nombre a quasiment doublé en 2023 », souligne le Dr Amidou.

 

En 2023, Gaétan, 6 ans, a été diagnostiqué du lymphome de Burkitt, un cancer de la moelle osseuse qui touche souvent la mâchoire. « Au début, ça avait l’aspect d’un abcès au niveau de l’œil. Nous nous sommes dit que c’est un petit bobo qui allait disparaître avec le temps mais cela s’est empiré », témoigne Jeanne, la mère de Gaétan. « Nous avons fait beaucoup de centres de santé en quête de guérison, sans aucun diagnostic précis. »

 

Finalement, Gaétan a été référé à l’unité d’oncologie pédiatrique, la seule spécialisée dans le cancer des enfants au Bénin et logée dans l’enceinte du Centre hospitalier universitaire départemental de l’Ouémé- plateau (CHU-DOP). « A notre arrivée ici, nous avons été très bien accueillis par le personnel. Le médecin nous suit très bien. Je rends grâce à Dieu car mon fils va beaucoup mieux maintenant », dit Jeanne, optimiste.

 

Pour prendre en charge les patients dans de bonnes conditions, l’unité d’oncologie pédiatrique du CHU-DOP a bénéficié d’un bâtiment mis à sa disposition par la Fondation Claudine Talon. « Autrefois, nous nous débrouillions avec deux salles d’hospitalisation en pédiatrie générale qui n’avaient que deux lits. Du coup, nous n’arrivions pas à prendre en charge tous nos malades. Nous faisions des cures alternées et c’était vraiment compliqué. Mais avec l’appui de la Fondation, nous avons pu avoir ce bâtiment entièrement équipé, ce qui nous permet de prendre en charge plus d’enfants », explique le Dr Gilles Bognon, pédiatre, chef de l’unité d’oncologie pédiatrique.

 

Aussi la Fondation Claudine Talon et le GFAOP, partenaire de l’OMS, fournissent des médicaments anti-cancéreux nécessaires pour les soins. L’accès aux soins est accompagné également de celui aux médicaments et de certains traitements complémentaires nécessaires à la réintégration des enfants afin qu’ils puissent reprendre le cours normal de leur vie.

 

En 2022, le taux de rémission était de 30 % à l’unité d’oncologie pédiatrique du CHU-DOP. « Notre objectif est d’atteindre 60 % et plus tard, pourquoi pas aller jusqu’à 80 % », indique le Dr Bognon. « La plupart des malades que nous avons aujourd’hui sont référés par les travailleurs de la santé qui ont été formés à reconnaître les signes précoces. »

Organisation Mondiale de la Santé

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