L’initiative a formé plus de 300 personnels des forces de l’ordre
Dereje Amsalu respire avec plus d’aisance ces derniers temps. Le gérant de l’hôtel Blendana qui se trouve dans la région de Benishangul au nord-ouest de l’Éthiopie profite du nouveau statut de son établissement, qui est devenu un espace entièrement sans tabac.
« Avant, dit-il, les employés de l’hôtel étaient mal à l’aise avec les clients qui fumaient à l’intérieur de l’établissement ». « Désormais, il n’y a plus de fumée de cigarette à l’hôtel ; plus personne n’est autorisée à fumer, qu’il s’agisse d’un ressortissant local ou d’un étranger. »
Benishangul est l’une des cinq régions classées récemment par le Ministère de la santé d’Éthiopie comme à forte prévalence de tabagisme, d’habitudes tabagiques traditionnelles, d’accès aux produits du tabac illégaux et, dans certaines localités, de mastication de khat et de consommation d’alcool. Il s’agit là de certains critères utilisés dans une nouvelle initiative d’appui à la lutte antitabac qui bénéficie de l’accompagnement de l’Organisation mondiale de la Santé.
En plus de Benishangul, les régions de l’Afar, de Gambella, de l’Oromia et de Somali ont été ciblées pour l’application de la réglementation sur le tabac, qui comprend la désignation et l’application d’espaces non fumeurs afin de protéger la population contre les effets nocifs du tabagisme passif.
« La lutte contre l’exposition à la fumée secondaire est une question de santé publique », souligne [la Ministre éthiopienne de la santé]. « Nos données les plus récentes montrent que près d’un tiers des adultes – soit 6,5 millions de personnes – qui travaillent à l’intérieur des bâtiments sont exposés à la fumée du tabac sur le lieu de travail, et que 8,4 millions de personnes sont exposées à la fumée du tabac à la maison. L’application d’environnements sans tabac est l’une des principales mesures que nous prenons pour protéger la santé et promouvoir un environnement plus sûr. »
La déclaration des environnements sans tabac est très bonne
S’appuyant sur les enseignements tirés d’un précédent programme expérimenté à Addis Abeba, en Amhara et en Oromia, l’initiative a formé plus de 300 personnels des forces de l’ordre, dont des policiers, au niveau régional. L’application de la législation prend la forme d’une éducation sur les dangers de la fumée du tabac, sur l’implication des agents de santé, des médias et de la société civile afin de favoriser et de préconiser des environnements sans tabac, ainsi que des inspections surprises et des amendes.
En outre, le gouvernement a intensifié la sensibilisation du public aux méfaits du tabagisme, à l’importance de protéger les gens de l’exposition au tabagisme passif et à la promotion du sevrage tabagique. Dans le cadre de cette sensibilisation, des émissions ont été diffusées dans diverses langues locales sur les chaînes de radio et de télévision régionales. Les pouvoirs publics ont par ailleurs procédé à la distribution de plus de 17 000 autocollants « Interdit de fumer » dans les lieux publics de toutes les régions désignées.
Les résultats obtenus jusqu’à présent sont encourageants.
Les contrôles effectués récemment dans la ville de Dire Dawa, près de la frontière des régions de l’Oromia et de Somali, ont révélé un taux de conformité de 78 % à la réglementation sur les environnements sans tabac dans des lieux publics tels que les hôtels, les bars et les restaurants, tout comme dans des lieux de travail des administrations publiques. Avec 4,4 %, la prévalence du tabagisme à Dire Dawa est nettement supérieure au taux national qui est de 3,7 %.
Selon l’enquête mondiale 2016 sur le tabagisme chez les adultes, près de 5 % des Éthiopiens, soit environ 3,2 millions de personnes, consomment des produits du tabac. L’usage du tabac est près de huit fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes.
Pour Tano Maure, directeur de l’hôtel Case Asosa à Benishangul, les avantages de l’application vont au-delà du bien-être physique.
« La déclaration des environnements sans tabac est très bonne », dit-il, notant que fumer dans les hôtels est désormais illégal dans sa région. « Le tabagisme provoque de nombreux problèmes de santé, sociaux et psychologiques pour la personne et le pays. Cela nous aidera à devenir une société plus productive et non addictive », souligne-t-il.
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