Environ 70 000 décès dus au cancer du col de l’utérus pourraient être évités chaque année dans la Région africaine si les efforts visant à éradiquer la maladie d’ici à 2030 étaient intensifiés de toute urgence afin de garantir un meilleur accès aux services essentiels pour une détection, des soins et une prévention en temps opportun.
Les dirigeants du secteur de la santé et les donateurs réunis cette semaine à l’occasion de la soixante-treizième session du Comité régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique à Gaborone, au Botswana, ont appelé les pays à agir rapidement pour renforcer les services de santé essentiels afin de lutter efficacement contre le cancer du col de l’utérus dans la Région, qui compte 19 des 20 pays où la charge de morbidité est la plus élevée au monde.
Conformément aux objectifs mondiaux de l’OMS visant à éliminer le cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique d’ici à 2023, les pays doivent vacciner 90 % des femmes et des jeunes filles avec le vaccin contre le papillomavirus humain, parvenir à un taux de dépistage du cancer de 70 % et faire en sorte que 90 % des femmes et des jeunes filles atteintes de cancer bénéficient d’un traitement.
Actuellement, 26 pays de la Région africaine ont introduit le vaccin contre le papillomavirus humain et seules 31 % des filles âgées de 15 ans ont reçu le premier vaccin dans la Région en 2022. Seuls 16 pays ont introduit le dépistage du papillomavirus humain au niveau local.
Pour atteindre les objectifs mondiaux fixés pour 2030, la couverture vaccinale devrait atteindre 90 % des femmes et des filles dans 20 pays d’ici à 2024, dans au moins 10 pays, les taux de dépistage nationaux devraient atteindre 25 % des femmes âgées de 30 à 49 ans et le taux de traitement devrait être porté à 25 % dans ces pays.
« La santé et le bien-être des femmes sont la santé et le bien-être de nos nations. Les femmes sont en bonne santé lorsqu’elles se sentent valorisées, reconnues, appréciées et autonomes. À leur tour, les femmes en bonne santé contribuent à la bonne santé des familles, des communautés et des sociétés. C’est pour cette raison qu’en tant que premières dames d’Afrique, nous nous engageons à faire en sorte que l’élimination du cancer du col de l’utérus soit effective en une génération », a déclaré Neo Jane Masisi, la Première dame du Botswana.
Les ressources financières et humaines allouées aux programmes de lutte contre le cancer du col de l’utérus sont insuffisantes à cause du peu d’importance accordée à la lutte contre cette maladie par les gouvernements. La capacité limitée des travailleurs de la santé à fournir des services complets de prévention et de lutte contre la maladie, le faible niveau de sensibilisation et de connaissance de la maladie, ainsi que le coût élevé des produits et des vaccins, entravent l’efficacité de la lutte.
Néanmoins, la Région a réalisé des progrès ces dernières années dans la lutte contre le cancer du col de l’utérus. Près de 40 % des pays qui administrent la première dose de vaccin aux filles ont atteint une couverture de 70 %.
« Cette maladie cancéreuse est terriblement dévastatrice et affecte profondément les familles. Cependant, grâce au dépistage précoce, aux soins et à la prévention par la vaccination, les femmes et les jeunes filles de notre Région peuvent être protégées contre le cancer du col de l’utérus », a souligné la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « L’intensification des efforts pour améliorer l’accès aux services de lutte contre le cancer est une priorité absolue pour l’OMS. Cette priorité entre dans le cadre de son soutien aux objectifs des pays pour vaincre les maladies et améliorer la santé et le bien-être de la population de la région.»
L’OMS collabore avec des partenaires et des donateurs pour aider les gouvernements à mettre l’accent sur la lutte contre le cancer du col de l’utérus afin d’assurer un meilleur accès au dépistage, à la vaccination et au traitement. Par ailleurs, l’Organisation renforce des stratégies telles que la vaccination à dose unique, en intégrant le vaccin contre le papillomavirus humain dans les programmes de santé existants afin d’étendre la prévention et le traitement.
« En tant que membre du réseau africain de lutte contre le cancer du col de l’utérus qui s’est réuni à Gaborone la semaine dernière, nous appelons tous les dirigeants africains à veiller à l’élimination du cancer du col de l’utérus », a indiqué Graça Machel, fondatrice du Graça Machel Trust et de la Foundation for Community Development. « Des engagements audacieux et des investissements stratégiques doivent être consacrés à la prévention, au dépistage, au traitement et au soutien social. Notre première ligne de défense est le vaccin contre le papillomavirus. C’est un vaccin sûr, efficace et qui sauve des vies. Il suffit d’une dose pour protéger les adolescentes et les femmes et nous rapprocher de l’élimination des horreurs du cancer du col de l’utérus. »
Des initiatives sont aussi menées pour remédier aux inégalités et à l’accès limité aux services parmi les populations vulnérables, ainsi que pour lancer des initiatives visant à garantir un accès équitable à des vaccins abordables et à des tests de dépistage de haute performance, en particulier parmi les groupes à haut risque.
En outre, la collaboration avec les communautés, les organisations de jeunes, les organisations non gouvernementales et le secteur privé est essentielle pour élargir l’accès aux services de lutte contre le cancer. Le cancer du col de l’utérus, principalement causé par le papillomavirus humain, est le quatrième cancer le plus courant chez les femmes dans le monde, causant plus de 300 000 décès par an.
« Le cancer du col de l’utérus touche inégalement les femmes des pays à faible revenu, où l’accès au vaccin contre le papillomavirus est limité », a expliqué Chris Elias, président du développement mondial de la Fondation Bill & Melinda Gates. « La Fondation Bill & Melinda Gates reste engagée à soutenir la Région africaine de l’OMS pour fournir une base solide aux programmes de vaccination contre le papillomavirus. Nous voulons aussi nous assurer que les filles et les femmes qui en ont le plus besoin aient accès à ces outils très efficaces et qui sauvent des vies. »
Organisation Mondiale de la Santé
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