Le mot « cancer » est un terme générique désignant un large groupe de maladies pouvant toucher n’importe quelle partie de l’organisme. On parle aussi de tumeurs malignes et de néoplasmes. L’un des traits caractéristiques du cancer est la multiplication rapide de cellules anormales à la croissance inhabituelle, qui peuvent ensuite envahir des parties voisines de l’organisme, puis migrer vers d’autres organes. On parle alors de métastases. La présence de métastases étendues est la principale cause de décès par cancer.
Le problème
À l’origine de près de 10 millions de décès en 2020, le cancer est l’une des principales causes de mortalité dans le monde (1). En 2020, les cancers les plus courants (en termes de nombre de cas recensés) étaient les suivants :
- le cancer du sein (2,26 millions de cas) ;
- le cancer du poumon (2,21 millions de cas) ;
- le cancer colorectal (1,93 million de cas) ;
- le cancer de la prostate (1,41 million de cas) ;
- le cancer de la peau (non-mélanome) (1,20 million de cas) ; et
- le cancer de l’estomac (1,09 million de cas).
En 2020, les cancers à l’origine du plus grand nombre de décès étaient :
- le cancer du poumon (1,80 million de décès) ;
- le cancer colorectal (916 000 décès) ;
- le cancer du foie (830 000 décès) ;
- le cancer de l’estomac (769 000 décès) ; et
- le cancer du sein (685 000 décès).
Chaque année, un cancer est diagnostiqué chez quelque 400 000 enfants. Les cancers les plus courants varient d’un pays à l’autre. Le cancer du col de l’utérus est le plus fréquent dans 23 pays.
Qu’est-ce qui provoque le cancer ?
Le cancer naît de la transformation de cellules normales en cellules tumorales, un processus en plusieurs étapes qui a généralement pour point de départ une lésion précancéreuse, laquelle devient ensuite une tumeur maligne. Ces mutations sont la conséquence d’interactions entre des facteurs génétiques propres au sujet et des agents extérieurs classés en trois catégories, à savoir :
- les cancérogènes physiques, comme les rayons ultraviolets et les radiations ionisantes ;
- les cancérogènes chimiques, comme l’amiante, les composants de la fumée du tabac, l’alcool, l’aflatoxine (contaminant alimentaire) ou l’arsenic (polluant de l’eau potable) ; et
- les cancérogènes biologiques, comme les infections dues à certains virus, bactéries ou parasites.
Par le biais de son institution spécialisée, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’OMS tient à jour cette classification des agents cancérogènes.
L’incidence du cancer croît considérablement avec l’âge, très vraisemblablement en raison de l’accumulation croissante de facteurs de risque de cancers spécifiques, et du fait que les mécanismes de régénération cellulaire tendent généralement à perdre en efficacité au fur et à mesure du vieillissement.
Facteurs de risque de cancer
Le tabagisme, la consommation d’alcool, une mauvaise alimentation, un manque d’activité physique et la pollution de l’air sont autant de facteurs de risque de cancer (et d’autres maladies non transmissibles).
Certaines infections chroniques constituent elles aussi des facteurs de risque de cancer, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Environ 13 % des cancers diagnostiqués dans le monde en 2018 étaient imputables à des infections cancérogènes, notamment celles dues à Helicobacter pylori, au papillomavirus humain (PVH), au virus de l’hépatite B, au virus de l’hépatite C et au virus d’Epstein Barr (2).
Les virus de l’hépatite B et de l’hépatite C augmentent le risque de cancer du foie, tandis que certains types de PVH majorent le risque de cancer du col de l’utérus. L’infection à VIH multiplie par six le risque de développer un cancer du col de l’utérus et accroît fortement le risque de développer certains autres cancers comme le sarcome de Kaposi.
Réduire la charge du cancer
À l’heure actuelle, 30 à 50 % des cancers peuvent être prévenus en évitant les facteurs de risque et en appliquant des stratégies préventives reposant sur des données probantes. On peut aussi réduire la charge du cancer grâce à une détection précoce et à un traitement et une prise en charge appropriés des patients. Nombre de cancers présentent une probabilité de guérison élevée s’ils sont détectés rapidement et traités de manière appropriée.
Prévenir le cancer
Le risque de cancer peut être réduit :
en s’abstenant de fumer ;en conservant un indice de masse corporelle sain ;en adoptant une alimentation saine à base de fruits et de légumes ;en faisant régulièrement de l’exercice physique ;en évitant ou en réduisant la consommation d’alcool ;en se faisant vacciner contre le PVH et l’hépatite B si l’on appartient à un groupe pour lequel la vaccination est recommandée ;en évitant de s’exposer aux rayonnements ultraviolets (provenant principalement du soleil et des cabines de bronzage artificiel) et/ou en prenant des mesures pour se protéger du soleil ;en veillant à un usage sans risque et approprié des rayonnements dans le cadre des soins de santé (à des fins diagnostiques et thérapeutiques) ;en limitant le plus possible l’exposition professionnelle aux rayonnements ionisants ; eten réduisant son exposition à la pollution atmosphérique et à la pollution de l’air intérieur, notamment au radon (gaz radioactif issu de la désintégration de l’uranium, qui peut s’accumuler à l’intérieur des bâtiments – maisons, écoles et lieux de travail).Détection précoce
La détection et le traitement rapide des cas permettent de réduire la mortalité liée au cancer. La détection précoce repose sur deux éléments : le diagnostic précoce et le dépistage.
Diagnostic précoce
Un traitement est plus susceptible d’être efficace – avec des chances de survie accrues, une réduction de la morbidité et des coûts moins élevés – si le cancer est diagnostiqué rapidement. En détectant les cancers à un stade précoce et en évitant des retards dans le traitement, on peut sensiblement améliorer la vie des patients.
Le diagnostic précoce comporte trois volets :
la sensibilisation aux symptômes des différentes formes de cancer et à l’importance de consulter un médecin si des anomalies sont observées ;l’accès à des services d’évaluation clinique et de diagnostic ; etl’orientation en temps utile vers des services de traitement.
Le diagnostic précoce des cas symptomatiques est important dans tous les contextes et pour la majorité des cancers. Les programmes de lutte contre le cancer doivent avoir pour but de réduire les retards et les obstacles en matière de diagnostic, de traitement et d’accès aux soins de soutien.
Dépistage
Le dépistage vise à identifier les personnes dont les résultats de tests sont évocateurs d’un cancer ou d’un pré-cancer particulier avant qu’elles ne développent des symptômes. Lorsque le dépistage met en évidence des anomalies, des examens supplémentaires doivent être réalisés pour établir un diagnostic définitif et le patient doit être orienté vers des services de traitement si la présence d’un cancer est avérée.
Les programmes de dépistage sont efficaces pour certains types de cancer, mais pas tous. En règle générale, ils sont bien plus complexes et requièrent beaucoup plus de ressources que le diagnostic précoce, car ils nécessitent des équipements et du personnel spécialisés. Même lorsqu’il existe des programmes de dépistage, des programmes de diagnostic précoce demeurent nécessaires pour identifier les cas de cancer parmi les personnes qui ne répondent pas aux critères d’âge ou de facteur de risque établis pour le dépistage.
Pour éviter un taux excessif de faux positifs, la sélection des patients pouvant bénéficier d’un dépistage se fonde sur l’âge et les facteurs de risque. Parmi les méthodes de dépistage employées figurent notamment :
les tests de dépistage du PVH (notamment par détection de l’ADN ou de l’ARNm du PVH), qui constituent la méthode à privilégier pour le dépistage du cancer du col de l’utérus ; etla mammographie pour le dépistage du cancer du sein chez les femmes âgées de 50 à 69 ans dans les régions où les systèmes de santé sont (relativement) robustes.
Les programmes de dépistage comme de diagnostic précoce nécessitent une assurance qualité.
Traitement
Il est essentiel de diagnostiquer correctement un cancer pour le traiter de façon adaptée et efficace, car chaque type de cancer nécessite un protocole de traitement spécifique. Le traitement du cancer repose généralement sur la chirurgie, la radiothérapie et/ou un traitement systémique (chimiothérapie, traitements hormonaux, thérapies biologiques ciblées). Le choix du protocole thérapeutique dépendra à la fois du cancer à traiter et du profil du patient. Il est important que le protocole soit achevé dans un laps de temps défini pour obtenir le résultat thérapeutique attendu.
Il est essentiel de commencer par définir les objectifs du traitement. Le principal objectif est généralement de guérir le patient ou de prolonger considérablement sa vie. Un autre objectif important est d’améliorer la qualité de vie du patient, ce qui peut être accompli en prodiguant des soins contribuant à son bien-être physique, psychosocial et spirituel, ainsi qu’en offrant des soins palliatifs en phase terminale de cancer.
S’ils sont décelés rapidement et traités selon les meilleures pratiques, certains des types de cancer les plus répandus, comme le cancer du sein, le cancer du col de l’utérus, le cancer de la cavité buccale et le cancer colorectal, ont une probabilité de guérison élevée.
D’autres types de cancer, comme le séminome testiculaire ou différents types de leucémies et de lymphomes chez l’enfant, présentent eux aussi des taux de rétablissement élevés s’ils sont traités correctement, même dans les cas où des cellules cancéreuses se sont propagées dans d’autres parties de l’organisme.
Cependant, la disponibilité des traitements varie sensiblement entre les pays en fonction de leur niveau de revenu ; selon les informations disponibles, les patients peuvent bénéficier d’un traitement complet dans plus de 90 % des pays à revenu élevé, contre moins de 15 % des pays à faible revenu (3).
Soins palliatifs
Les soins palliatifs ne visent pas à guérir le cancer, mais à atténuer les symptômes et les souffrances qui en résultent, ainsi qu’à améliorer la qualité de vie des patients et de leurs proches. Les soins palliatifs peuvent aider les personnes à vivre plus confortablement. Ils sont particulièrement importants dans les lieux comptant une proportion élevée de patients atteints d’un cancer à un stade avancé, pour lesquels les chances de guérison sont minces.
Les soins palliatifs peuvent contribuer à atténuer les problèmes physiques, psychosociaux et spirituels chez plus de 90 % des patients atteints d’un cancer à un stade avancé.
Pour dispenser des soins palliatifs aux patients et soulager leur douleur ainsi que celle de leurs proches, il est essentiel de mettre en œuvre des stratégies de santé publique efficaces, prévoyant une prise en charge au niveau communautaire et à domicile.
Il est fortement recommandé d’améliorer l’accès à la morphine administrée par voie orale pour soulager les douleurs modérées et aigues causées par le cancer, dont souffrent plus de 80 % des patients en phase terminale.
Action de l’OMS
En 2017, l’Assemblée mondiale de la Santé a adopté la résolution WHA70.12 sur la « Lutte contre le cancer dans le cadre d’une approche intégrée », invitant instamment les États membres et l’OMS à accélérer leur action pour atteindre les objectifs définis dans le Plan d’action mondial pour la lutte contre les maladies non transmissibles 2013-2020 (en anglais) et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l’ONU, en vue de réduire le taux de mortalité prématurée due au cancer.
L’OMS et le CIRC collaborent avec d’autres institutions des Nations Unies, dont l’Agence internationale de l’énergie atomique, et des partenaires afin de :
- renforcer l’engagement politique en faveur de la lutte contre le cancer ;
- coordonner et mener des recherches sur les causes de cancer chez l’être humain, ainsi que sur les mécanismes de la carcinogénèse ;
- surveiller la charge du cancer (dans le cadre des travaux de l’Initiative mondiale pour le développement des registres du cancer) ;
- identifier les stratégies de prévention et de lutte contre le cancer qui sont les plus efficaces en termes de coût et qui devraient être mises en œuvre en priorité ;
- élaborer des normes et des outils pour guider la planification et la mise en œuvre d’interventions visant à favoriser la prévention du cancer, le diagnostic précoce, le dépistage, le traitement, les soins palliatifs et les soins aux survivants, chez l’adulte comme chez l’enfant ;
- renforcer les systèmes de santé aux niveaux national et local pour améliorer l’accès aux traitements contre le cancer ;
- établir un programme de prévention et de lutte contre le cancer dans le rapport 2020 de l’OMS sur le cancer ;
- jouer un rôle directeur au niveau mondial et fournir une assistance technique pour aider les gouvernements et leurs partenaires à instaurer et pérenniser des programmes de qualité pour la lutte contre le cancer du col de l’utérus, conformément à la Stratégie mondiale en vue d’accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus ;
- améliorer la lutte contre le cancer du sein et réduire le taux de décès évitables dus au cancer du sein, en mettant l’accent sur la promotion de la santé, le diagnostic en temps utile et l’accès aux soins, et en accélérant ainsi la mise en œuvre coordonnée de la nouvelle initiative mondiale de l’OMS relative à la lutte contre le cancer du sein ;
- aider les gouvernements à améliorer le taux de survie des enfants atteints de cancer au moyen d’une aide ciblée apportée aux pays, de réseaux régionaux et d’une action mondiale menée dans le contexte de l’Initiative mondiale de lutte contre le cancer de l’enfant de l’OMS, reposant sur l’approche CureAll ;
- améliorer l’accès aux médicaments essentiels contre le cancer, en particulier dans le cadre de la Plateforme mondiale pour l’accès aux médicaments contre le cancer de l’enfant ; et
- fournir une assistance technique pour favoriser un transfert rapide et efficace des interventions fondées sur les meilleures pratiques dans les pays.
Organisation Mondiale de la Santé
Références
(1) Ferlay J, Ervik M, Lam F, Colombet M, Mery L, Piñeros M, et al. Observatoire mondial du cancer : « Cancer Today ». Lyon : Centre international de recherche sur le cancer, 2020 (https://gco.iarc.fr/today, consulté en février 2021).
(2) de Martel C, Georges D, Bray F, Ferlay J, Clifford GM. « Global burden of cancer attributable to infections in 2018: a worldwide incidence analysis ». The Lancet Global Health. 2020;8(2):e180-e190.
(3) Assessing national capacity for the prevention and control of noncommunicable diseases: Report of the 2019 global survey. Genève : Organisation mondiale de la Santé, 2020.
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